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IBM rachète Ascential Software : ca s’en va et ça revient !


Rédigé par le 16 Mars 2005

IBM rachète Ascential Software… le communiqué officiel est tombé lundi après-midi… et il faut maintenant écrire un article pour en informer les lecteurs fidèles que vous êtes… Mais finalement tout est dans le communiqué… alors que dire ? Changeons un peu de style…



IBM rachète Ascential Software : ca s’en va et ça revient !
En y pensant pendant ces quelques jours, je me rends finalement compte que raconter l’histoire qui amène IBM à s’emparer de Ascential Software me conduit à plonger avec délectation dans le rôle du vieux c.., qui après plus de vingt années d’analyse des circonvolutions du marché de l’informatique commence à parler du passé plus que du présent…
Tant pis, vous l’aurez voulu ! Et d’ailleurs vous en avez bien besoin, car se contenter de relater ce rachat comme une des étapes sans relief de la consolidation du marché informatique (suivez mon regard…), serait manquer de recul.
Prenons donc un peu de hauteur et parlons de cette société qui s’est appelée VMark, Ardent, Informix, Ascential puis… IBM, tout cela en quelques années.

L’histoire d’un homme

IBM rachète Ascential Software : ca s’en va et ça revient !
Pour raconter cette histoire d’une société qui a cherché ses marchés successifs pour finalement trouver refuge sous l’aile d’un géant de l’informatique, il me faudrait appeler à mes côtés un personnage attachant, Peter Gyenes, actuel CEO de Ascential Software.
Après six années passées à Paris, Peter Gyenes est arrivé à l’âge de neuf ans à New York, fils d’une famille hongroise attirée par le rêve américain, et fuyant les tourments d’une Europe sortant de la Seconde Guerre Mondiale.
Après avoir fait carrière dans le monde de l’informatique des années 70, donc forcément chez quelques constructeurs, dont IBM qui a été son premier employeur… Peter Gyenes s’intéresse de près à la création d’une petite société, VMark, fondée aux alentours de 1985. Il y entre en mai 1996 pour aider l’entreprise à prendre son premier virage technologique, et à prendre pied sur le marché naissant des entrepôts de données. Le premier produit issu de cette stratégie, DataStage, a été développé en 1996 et mis sur le marché en 1997. C’était à l’époque un des premiers outils d’alimentation, même si cette terminologie n’était pas encore beaucoup utilisée.
Voulant croître rapidement, VMark fusionne en 1998 avec une autre société, Unidata, et prend alors le nom de Ardent Software. Cette fusion permet à Ardent de franchir le cap des 100 millions de dollars de chiffre d’affaires.
Début 2000, Informix, au pinacle de sa réussite, rachète son partenaire Ardent Software afin de disposer d’une offre d’alimentation de ses bases de données décisionnelles. Peter Gyenes rentre au conseil d’administration de Informix, et en devient même son directeur général par la suite. Un an après, la grandeur d’Informix a disparu, et l’activité bases de données est cédée, tout comme le nom Informix, par Peter Gyenes à IBM en échange d’un milliard de dollars !
Peter Gyenes reste alors à la tête de la division intégration de données, qui change de nouveau de nom et devient Ascential Software, et qui réalise alors un peu plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires, avec un parc d’environ 1500 clients.
Aujourd’hui, la dernière page de cette histoire pourrait bien être tournée, avec la cession de Ascential Software à IBM pour la modique somme d’environ 1,1 milliard de dollars, pour une société qui a réalisé au cours de son dernier exercice, environ 270 millions de dollars de chiffre d’affaires.
Certains diront que le prix est élevé. Les actionnaires de Ascential ne s’en plaindront pas, et pourront remercier Peter Gyenes pour son travail durant toutes ces années.

Risquons nous à quelques analyses

S’il faut absolument poursuivre en donnant quelques orientations sur l’impact de cette consolidation sur le marché des outils d’alimentation, avançons-nous à quelques hypothèses :
- indéniablement, IBM qui avait noué un certain nombre de partenariats avec des éditeurs d’ETL (comme celui annoncé encore en septembre dernier avec Informatica pour « mettre le décisionnel à la portée des PME »), devrait lever le pied sur la mise en pratique de ces accords pour privilégier tant que faire se peut la nouvelle solution maison.
- Pour les autres fournisseurs de solutions d’ETL, c’est à la fois un marché qui se ferme, et d’autres qui s’ouvrent. Certains clients, réticents par principe aux solutions d’intégration trop proches d’un grand éditeur, privilégieront les solutions indépendantes telles que Informatica, ou Sunopsis par exemple sur le marché français.
- Nul ne peut dire aujourd’hui si cette acquisition est le signe d’autres mouvements. Elle se situe d’ailleurs dans le cadre que l’on observe depuis maintenant plusieurs années, de consolidation autour d’offres globales : Microsoft, SAS, Oracle, Business Objects, IBM. Elle ne sera donc sans doute pas la dernière, même si le nombre de candidats acheteurs diminue à chaque étape.

Alors pour conclure sur le même ton que j’ai commencé cet article, je terminerai cette page d’histoire que j’espère vous avez eu le courage de lire jusqu’au bout, par une dernière réflexion. Entre la phase d’accélération de la stratégie de VMark en 1996 et le rachat de Ascential en 2005, il ne s’est écoulé que neuf ans, pendant lesquelles cette société a changé six fois de nom. Neuf ans seulement ! Neuf ans déjà !




Commentaires

1.Posté par Alain Lefebvre le 16/03/2005 21:20
On se fiche de passer pour un vieux c...
Ton article est édifiant, bravo !

2.Posté par Willy LAWDUNE le 17/03/2005 10:05
Exactement, l'important est désormais de s'orienter vers le futur et les nouvelles actions à entreprendre.
Le monde du décisionnel ne cessera de m'étonner. Belle analyse !

3.Posté par STANCZAK le 17/03/2005 10:18
On sera toujours plus vieux que quelqu'un d'autre et puis pour le reste ??? . On apprend énormément des "vieux", si l'on sait tirer les bénéfices de leur expériences.
Il faut essayer de ne pas radoter, mais là l'exercice n'est pas facile lorsque l'on fait des chroniques et que l'histoire et un eternel recommencement... Donc le style aide, et là rien à redire.
Chut ! je vous lis
Cordialement.

4.Posté par De Freine le 17/03/2005 10:51
Ascential constituait, avec Informatica, un pôle d'équilibre des ETL qui s'était peu à peu constitué après la disparition, fin des années 1990, de leurs concurrents de l'époque : ETI (encore que...), Prism et Carleton. A qui donc profite le crime ? Si Informatica va sans doute pâtir de l'absence d'un adversaire de même profil ("libre"), Sunopsis, le challenger technologique, et Microsoft, le challenger "Orwellien", se frottent sans doute les mains. Cela va en tous cas devenir de plus en plus difficile de sécuriser les choix technologiques en la matière, surtout quand on connaît les investissements considérables en jours/hommes que les clients consentent souvent avec ces technologies. Comme chante Goldman : "est-ce un bien ? est-ce un mal ? C'est ainsi".

5.Posté par Aubert David le 18/03/2005 11:24
Décidément qu'il est difficile d'y voire claire en ce moment dans le monde des ETL. Lorsque l'on se trouve en phase de reflexion pour une future acquisition, le critère d'évaluation des outils basé sur la pérennité des éditeurs et leurs évolutions futures devient difficile à maitriser de façon pertinente pour les éditeurs encore "libres" tels que Sunopsis, hummingbird,... Enfin nous verrons bien.
En tout cas je salue moi aussi cet excellent article qui en dit long sur l'évolution du marché sur la dernière décennie.

6.Posté par Aubert David le 18/03/2005 15:41
Oui tout à fait, j'ai utilisé le terme "libre" dans le sens de "'l'ndépendance commerciale" et non pas "Open Source"!

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