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Tableau et Salesforce font leur première apparition commune, devant 18 000 participants à la conférence Tableau


Rédigé par le 14 Novembre 2019

La surprise était attendue. Quelques jours après la confirmation officielle du rachat de Tableau par Salesforce, Marc Benioff, fondateur de Salesforce, montait aujourd’hui sur la scène de la conférence des utilisateurs Tableau à Las Vegas. Certainement la meilleure manière de s’adresser directement, et pour la première fois, aux 18 000 clients et partenaires présents, aux côtés de Adam Selipsky, PDG de Tableau. Une tribune qui lui a couté tout de même 15 milliards de dollars !



Danielle Beringer, Chief Data Officer de Nissan Amérique du Nord
Danielle Beringer, Chief Data Officer de Nissan Amérique du Nord
Une conférence d’ouverture très classique, au cours de laquelle Adam Sepilsky, CEO de Tableau, a mis en avant la communauté des utilisateurs ; qui aurait franchi la barre du million. Il y a quelques années, Tableau parlait essentiellement de visualisation de données. L’évolution est notable. Tableau parle aujourd’hui uniquement de données. A écouter Anya A’Hearn, qui dirige Datablicks, une société de consulting spécialisée, la donnée serait la solution à tous les problèmes du monde. Que l’on parle de malaria, d’éducation, ou de la place des femmes dans le monde, disposer de données permet de mieux comprendre le monde, et donc de le changer s’il ne va pas dans la bonne direction.
Une réflexion intéressante qui consiste à dire que mesurer quelque chose ne peut jamais être négatif, et que sans mesure, aucune action n’est possible. Un débat presque philosophique. Mesurer la différence de réussite en fonction de l’origine sociale permettrait de prendre les mesures nécessaires pour combler cet écart ; mesurer l’écart de salaire entre hommes et femmes, permettrait de prendre les mesures nécessaires pour le réduire ; la mesure, la donnée, serait donc toujours au commencement de tout changement. Que penser alors de certaines mesures que l’on s’interdit dans certains pays, dont la France ? Est-ce que cela rend les minorités invisibles, et donc impossible la prise de décisions ?
En tous cas, cet usage de la donnée pour changer le monde a plu à Marc Benioff, qui est monté sur scène pour une discussion impromptue avec Adam Selipsky. « Nous aidons à changer le monde, et les données sont au cœur de ce changement », explique le PDG de Tableau.

Le monde de la visualisation de données n’est plus aujourd’hui le focus de Tableau. Passer de la visualisation de données à la donnée, tel est le mot clef. Et cela passe par la mise en production des analyses (DataOps), l’apprentissage machine (Machine Learning), la gouvernance des données (Data Catalog), etc. Au cours de cette session de lancement, il a finalement été très peu question de nouveaux graphiques, pas du tout de data storytelling ; mais beaucoup de culture de la donnée. « Nous ne visualisons pas des données, nous visualisions notre futur », expliquait d’ailleurs Danielle Beringer, Chief Data Officer de Nissan Amérique du Nord. « Nous devons créer une culture de la donnée dans chaque entreprise », complétait Adam Selipsky. Une culture de la donnée qui aurait manqué aux États-Unis lors de la seconde guerre mondiale – mais il me semble qu’ils se sont bien rattrapés depuis – ainsi que l’explique Liza Mundy dans son livre « Code Girls » qui met en avant le rôle des femmes dans la compréhension des données militaires et stratégiques aux débuts de l’informatique. Liza Mundy, présente au premier rang et très applaudie, et très émue, lors de la conférence.

Tableau et Salesforce font leur première apparition commune, devant 18 000 participants à la conférence Tableau
Une autre comparaison intéressante, est celle de la progression des technologies. « Il y a beaucoup de points communs entre Tableau et les réfrigérateurs », expliqua avec humour Adriana Gil Miner, en charge des communications chez Tableau. Ils ont tous les deux changé la société ! Au point d’ailleurs que la mention de la maitrise de la visualisation de données dans un CV n’est plus nécessaire. Les données sont partout et les maitriser n’est plus un avantage, c’est devenu indispensable ! Tout comme vous ne mentionneriez pas dans votre CV votre connaissance du fonctionnement d’un réfrigérateur…

Beaucoup d’annonces et de confirmations au cours de cette première journée. Nous y reviendrons en détail, sujet par sujet, dans les prochaines semaines.

En résumé :
- Le module de préparation des données devient un véritable outil de gouvernance, avec catalogue de données, gestion des données de référence, industrialisation des flux d’intégration ;
- L’apparition de « metrics », des indicateurs synthétiques, combinaison de chiffres et de micrographes, permettant de construire des tableaux de bord mobiles beaucoup plus synthétiques, et de mieux naviguer dans l’information importante ;
- La Business Intelligence n’est plus l’ennemie d’hier… et Tableau accepte officiellement l’idée de chercher à remplacer les systèmes de BI traditionnels ;
- Et bien sûr de l’intelligence artificielle un peu partout, du requêtage en langage naturel (mais toujours uniquement en anglais), de l’apprentissage machine, des recommandations, etc ;
- Lancement de Tableau Blueprint afin d’aider les entreprises à acquérir et mettre en place cette culture de la donnée.

Concernant l’intégration avec Salesforce, beaucoup de questions restent en suspens. Mais François Ajenstat, Chief Product Officer, explique à juste titre que les deux entreprises commencent tout juste à travailler ensemble, suite à l’accord des autorités de la concurrence américaines et anglaises. Tout le monde s’inquiète en effet du fort recouvrement entre Salesforce Einstein et Tableau, en particulier dans les équipes Salesforce. Un analyste estime ce recouvrement à plus de 90 %. Est-ce réaliste, comme le prétendent actuellement Tableau et Salesforce, de maintenir les deux produits ? Autre question intéressante : François Ajenstat explique que les travaux d’intégration entre les deux solutions n’auront pas d’incidence sur le plan de développement de Tableau. Là encore, est-ce réaliste ? Mais comme il le reconnait également, « nous n’avons pas encore la vision complète de cette intégration ».

Une conférence donc très traditionnelle pour Tableau. Mais tout comme on passe de la « petite école » à la « grande école », l’an prochain, il est fort probable que la conférence Tableau rejoigne l’événement Dreamforce, la conférence organisée par Salesforce à San Francisco. Les clients Tableau seront alors fusionnés avec les presque 200 000 participants de Dreamforce. La possibilité pour Tableau de conserver son propre événement, sera un indicateur de la réelle indépendance que conservera l’éditeur dans la grande maison Salesforce et ses plus de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. « Tableau fonctionne comme une entité indépendante de Salesforce », précise François Ajenstat. Pour combien de temps, est la véritable question.




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