Bienvenue dans le monde de la post-vérité, où règne la désinformation


Rédigé par le 19 Décembre 2016

De plus en plus de gens s’expriment via leur messagerie, sur Tweeter, sur Facebook … sur les réseaux sociaux en général, et c’est très bien. Mais de transfert à ses relations, de retweet en like, de rapprochement douteux en collage, en amalgame, tous ces points de vue, considérés comme vrais par leurs auteurs, sanctifiés par leur large circulation, finissent souvent par être considérés par certains lecteurs comme des faits. Bienvenue dans le Nouveau Monde de la Post-Vérité.



Parce que la tromperie et la confusion sont les moyens les plus faciles pour contrôler les gens, la désinformation est largement pratiquée dans la société d’aujourd’hui que cela soit pour des visées commerciales, managériales, politiques ou idéologiques. Si vous êtes confus au sujet de quelque chose, alors vous comptez sur de l’information pour vous faire une opinion, mais les problèmes surgissent chaque fois que le processus d'information est défectueux : manque de pluralisme, manque d'exhaustivité, manque de preuves, manque d'objectivité, propagande, manipulation délibérée de l'information.

À ce niveau il faut distinguer la mésinformation c’est-à-dire l’information fausse due à la facilité, l’ignorance ou à la distraction, sans intention de tromper, de la désinformation, c’est-à-dire l’information intentionnellement fausse, utilisant des procédés pour induire volontairement en erreur, pour noyer, camoufler les faits. Mésinformer pour un journaliste, cela devrait relever de la faute professionnelle.

L’information peut être vue comme un fait avec lequel on est capable d'interagir et qui nous apporte quelque chose, une nouvelle compréhension par exemple. Cependant il est toujours difficile d’avoir confiance dans une information isolée et l’on est confus s’il y a plusieurs versions pour le même fait. Définir ce qu’est la vérité n’est pas simple : quelque chose qui correspond à un fait, une réalité, une réalité qui peut être établie scientifiquement, une déclaration généralement considérée comme vraie, une description, une représentation précise, la conformité à une norme ou à la loi, quelque chose de spécifique à un système de communication socialement construit, ou spécifique à chaque individu …

L’information est toujours le résultat d’un processus et sa qualité dépend largement de la qualité du processus. Des données à l'information, au sens général du terme, il y a nécessairement au moins un médiateur qui organise, choisit, rapproche certaines données, décide d'en abandonner d'autres, pour pouvoir en tirer une sorte de synthèse d'un niveau plus élaboré que ses éléments constitutifs de base. Au final, le travail de l'analyste est de dégager des faits, de les replacer dans une perspective, de les pondérer les uns par rapport aux autres, de les rendre clairs et compréhensibles : faits plus commentaires donnent alors l’information.

Transformer les données en information est un métier qui nécessite des compétences, une morale pour passer de la donnée à l'information, car cela implique d'y ajouter du subjectif, du spéculatif. Pour faire simple, la mésinformation relève de l’incompétence, c’est-à-dire d’un manque de connaissances ou de savoir-faire, alors que la désinformation relève de la malhonnêteté, de la tromperie, de l’escroquerie et est très souvent très élaborée révélant de grandes compétences. À noter que les techniques de désinformation sont nombreuses : omission, diversion, confusion, biais, amalgame, fausse preuve, fausse autorité …

L’évaluation d’un texte n’est pas toujours simple, il faut être attentif et prendre en compte de nombreux éléments : l’auteur (connaissances spécialisées, réputation ...) ; le but (pourquoi écrit-il, poursuit-il un objectif déclaré …) ; le format du texte (l’existence d’autres textes complémentaires …) ; l’arrangement (séquence logique, argument, preuve …) ; l’ancienneté (à jour, révisé, revu régulièrement …) ; la précision (peut-elle être établie ? Des biais, des opinions, des points de vue peuvent-ils être distingués ?) ; le traitement du sujet (est-ce que le niveau de langage technique suppose que le lecteur soit un expert ?) ; le champ d'application (la couverture du sujet est-elle large ou limitée à un domaine spécifique ? Portée générale ou vue de détail ?) ; etc.

Indépendamment de la mésinformation et de la désinformation, se développe un autre fléau de notre société hyper informée, les légendes urbaines qui sont une sorte de folklore composé d'histoires souvent considérées comme des faits par ceux qui les font circuler. Les légendes urbaines sont parfois reprises dans des reportages, et ces dernières années largement distribuées par e-mail et sur les réseaux sociaux. Les gens présentent souvent ces histoires comme étant celles vécues par un « ami d'un ami » si souvent, en effet, que l’acronyme anglais FOAF (friend of a friend) est devenu couramment utilisé pour décrire ce genre d'histoire. On notera que les légendes urbaines ne sont pas nécessairement fausses, mais elles sont souvent fausses, déformées, exagérées ou sensationnalistes.

Pour aller plus loin sur le sujet de la désinformation, vous pouvez voir le décodage de 25 techniques utiles pour désinformer : http://www.vigli.org/desinfo.htm



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