Big Data, Archéogéographie et Drone


Rédigé par le 1 Mai 2017

Depuis quelques années l’archéologie bénéficie de nouvelles données (photographies aériennes, scènes satellitaires, SIG, LiDAR) qui lui permettent d’appréhender des kilomètres carrés de zones géographiques et restituer des implantations antiques.



Voir ci-dessus aux actualités de 1967, un passage sur l’archéologie aérienne

Les données LiDAR par exemple sont produites en attachant un scanner laser à un avion. Un nuage de points de mesure à travers le paysage est produit lorsque le faisceau laser est tiré au sol et mesuré lorsqu'il est réfléchi vers l'avion. En fonction du niveau de vol et de la façon dont les données brutes sont traitées, il peut résulter par exemple un jeu de données de points espacés de 25 cm à 2 m, avec une tolérance verticale allant jusqu'à 20 cm. Le traitement des Big Data issues d’un LiDAR permet une restitution très fine de la topographie et en particulier à travers le couvert d’une forêt.

La technique du radar (engin aérien ou terrestre) a déjà permis de faire avancer notre connaissance de nombreux sites comme pour les 10 exemples suivants :
· Au Cambodge à Angkor, le centre urbain de la ville s'étend sur au moins 35 kilomètres carrés, beaucoup plus que les 9 km² conventionnellement reconnus dans les murs d'Angkor Thom, et Mahendraparvata une ville antique jusque-là inconnue a également été découverte.

· En Angleterre à Stonehenge ou une étude a déjà révélé des centaines d’anciennes caractéristiques non identifiées auparavant et la découverte d’une version beaucoup plus grande de Stonehenge enterrée à seulement 3 km du site emblématique.

· Au Belize : le périmètre de la cité maya de Caracol a été agrandi d’une grande partie qui est actuellement noyée sous la forêt.

· Au Honduras : on a découvert une cité inconnue qui est peut-être la Cité d'Or perdue, Ciudad Blanca ce qui mettrait fin à un mystère qui a maintenant près de 500 ans.

· En Italie : à Portus, le port artificiel créé par les Romains à côté de Rome, des bâtiments et d’anciens canaux aujourd’hui comblés ont été identifiés.

· En Tunisie : à côté de tronçons du Fossatum Africae, des murs de défense de l’empire romain en Afrique avec notamment 3 tronçons de plus de 40 km chacun, des villages inconnus ont été révélés.

· En Syrie : à Pétra, identification de villages agricoles en périphérie de la ville.

· En Autriche : à Carnuntum, découverte d’un ancien camp militaire romain.

· En Roumanie : délimitation exacte à travers la forêt du camp romain près des restes du pont de Trajan.

· En France : mise en lumière d’anciennes structures romaines et celtes dans la forêt de Chailluz près de Besançon.

La technique LiDAR donne d’excellents résultats, mais elle est coûteuse. L'étude menée à Angkor à couvert 370 kilomètres carrés, pour un coût d'environ 240 K€ et il faut compter 20 à 30 K€ pour un petit relevé de 5 km sur 5. En termes de données à traiter, un projet utilisant cette approche et couvrant une superficie d'environ 40 km a par exemple impliqué le traitement de 19 bandes de données LiDAR contenant 133,5 millions de points de données. Ces données sont utilisées pour fournir des produits analytiques dérivés tels que des images raster et des surfaces en pente à la résolution des données de source (c.1m), prêts pour l'interprétation et la numérisation des caractéristiques clés. Cependant pour réduire les coûts les chercheurs misent sur les drones pour explorer des petites zones d’arpentage (de moins de 100 hectares).

Enfin il faut noter que la technique LiDAR ne sert pas qu’à l’archéogéographie, notamment quand elle est mise en œuvre avec un drone, elle permet de rendre des services à des entreprises : cartographie, modélisation 3D, y compris sous couvert forestier, mais aussi sur des objets très fins (lignes électriques) ou en mouvement.

Pour ceux que ce domaine intéresse il y a régulièrement des conférences internationales sur ce sujet, à ma connaissance la prochaine en Europe aura lieu à Bucarest en juin 2017.



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