Big Data : vite, n’en parlons plus !


Rédigé par Guillaume Fine, MC2I Groupe le 25 Octobre 2015

Les effets de mode se succèdent dans la sphère « IT ». Après les outils « multimédia » des années 1990, le « Web2.0 » des années 2000, le secteur s’enivre avec les « Big Data ». Editeurs, intégrateurs, cabinets de conseil et donneurs d’ordres, dans une sorte de transe auto-entretenue, éprouvent le besoin urgent d’en apposer la précieuse étiquette sur leur leurs projets et offres de services.



Guillaume FINE, Consultant mc2i Groupe
Certes, une veille sur les technologies et leur champ d’application se justifie pleinement tant le monde du numérique est sujet à des mouvements pouvant en quelques mois reléguer un acteur de premier plan au dernier rang de la classe…

De même, il n’est pas question de négliger les formidables progrès technologiques à la base de la mouvance « Big Data » (puissance de calcul, capacité de stockage, numérisation de nouvelles données, performance des réseaux de communication, solutions de virtualisation, …) ni la valeur ajoutée réelle des applications qui en émergent.

Mais cet état de fait justifie-t-il une agitation telle que nous la vivons aujourd’hui autour des « Big Data » ?

De nombreuses critiques ont déjà dénoncé cette dérive et portent, entre autres, sur la définition même du terme « Big Data », la propagation de l’idée trompeuse que les données massives regorgent toujours de trésors cachés, l’utilisation d’arguments de vente mal maîtrisés ou encore la propension de l’esprit humain à structurer et interpréter même un chaos vide de sens.

En nous inspirant d’un article de Bob Hayes de novembre 2014 (Is Big Data The Most Hyped Technology Ever ?), prenons un peu de recul sur ce phénomène.

Une recherche dans Google Trends indique que l’explosion des recherches sur le terme « Big Data » date de fin 2011. Une même requête sur « Multimedia » et « Cloud computing » montre la formation de « bulles » dont le dégonflement a commencé respectivement avant 2004 (limite de la profondeur d’historique de Google Trends) pour l’une et autour de 2011 pour l’autre.

En faisant l’hypothèse que le phénomène « Big Data » relève d’une dynamique de même nature, il ne serait pas surprenant que le bruit de fond actuel s’atténue dans les années à venir.

Et ce serait souhaitable. Car cela pourrait signifier que l’exploitation en masse de données nouvelles et les tâches d’analyse qui l’accompagnent auront atteint une maturité et une fiabilité suffisante (tout comme le multimédia ou plus récemment le Cloud Computing) pour que leur utilisation devienne transparente et qu’elles commencent à porter leurs fruits tant attendus : les gains réels liés aux usages !

Parce que le pro- grès technologique est une composante majeure de l’histoire humaine, certains témoignages du passé font remarquablement échos à nos préoccupations présentes. Ainsi, pour terminer sur une note poétique et pourtant incroyablement terre à terre, voici ce qu’écrivait Antoine de Saint Exupéry dans « Terre des Hommes » en 1939 au sujet d’une autre innovation technologique totalement intégrée à notre quotidien depuis, l’avion :

« Nous étions autrefois en contact avec une usine compliquée. Mais aujourd’hui nous oublions qu’un moteur tourne. Il répond enfin à sa fonction, qui est de tourner, comme un cœur bat, et nous ne prêtons point, non plus, attention à notre cœur. Cette attention n’est plus absorbée par l’outil. Au-delà de l’outil, et à travers lui, c’est la vieille nature que nous retrouvons, celle du jardinier, du navigateur, ou du poète. »

Sur ces bases, en partant du principe qu’une bonne technologie est synonyme d’une technologie qui sait se faire oublier, alors oui, vivement la fin de l’engouement aveugle autour du « Big Data ».



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