Business Intelligence, 2009-2010 : bilan et perspectives


Rédigé par par Réda GOMERY, Micropole-Univers le 5 Janvier 2010

L’année 2009 aura sans doute marqué les entreprises. Un climat d’incertitudes, d’interrogations et de crise économique a régné sur quasiment tous les secteurs d’activité. La hausse de la productivité tant recherchée sur ces dernières années a eu un prix à payer en 2009 : être chaque jour plus agile, plus rapide, plus précis dans ses prévisions, plus assuré sur ses choix ; savoir identifier les risques du marché, des clients, des fournisseurs, des concurrents.



Reda Gomery, Directeur d’agence Business Intelligence & EPM chez Micropole-Univers
Des projets plus nombreux et plus spécifiques
L’équation – à plusieurs inconnues – a été complexe pour un bon nombre d’entreprises françaises mais a souvent pu se résumer à « faire plus… avec moins » ! Face à cette complexité, certaines entreprises ont centré leurs actions sur l’optimisation ou le développement de leurs systèmes d’information, en particulier décisionnels. Les domaines d’actions ont été nombreux en Business Intelligence ou en EPM (Enterprise Performance Management), en 2009, tous secteurs confondus et pour toutes les tailles d’entreprises. Les sujets fonctionnellement liés au pilotage financier ont de surcroît été largement plébiscités.
Toutes les informations financières qu’il faut intégrer pour piloter l’entreprise étaient jusqu’alors laborieusement consolidées dans le seul but de fournir une vision « à peu près » fiable de la réalité économique. Or, par temps de crise, cet « à peu près » ne suffit plus. Voilà pourquoi de nombreuses entreprises ont mis en œuvre des projets de pilotage des frais généraux (masse salariale…), de planification et de prévisions budgétaires, d’analyse et de pilotage des coûts par activités ou encore de mesure de rentabilité détaillée des produits, clients ou services.

La rationalisation en marche
À côté de ces projets destinés à renforcer les capacités de décision et d’analyse, l’année 2009 aura également été l’occasion, pour un bon nombre d’entreprises, de repenser leur système d’information décisionnel (SID). En effet, le développement technologique rapide, associé à des mutations organisationnelles, a parfois conduit à la prolifération des outils décisionnels, notamment au sein des plus grandes entreprises. Cette situation induit plusieurs effets indésirables : hétérogénéité ou faible qualité des informations, coûts d’exploitation élevés, difficulté d’harmonisation des processus et de consolidation du reporting Groupe… À cela peut s’ajouter la rigidité de certains systèmes décisionnels vieillissants, en totale inadéquation avec la cadence d’évolution des besoins métiers actuels.
Certaines entreprises ont donc amorcé, en 2009, des programmes de rationalisation des outils et des usages ou d’évolution de leurs systèmes décisionnels, avec l’objectif de réduire les coûts IT, d’améliorer la qualité de service ou encore d’harmoniser les pratiques de pilotage. Les programmes de rationalisation ou d’évolution du SID, parfois vastes et complexes, vont au-delà du seul choix technologique et sont étroitement corrélés à la stratégie d’organisation des entreprises : centralisation des activités ou logique de filiales/centres de profits autonomes.

Editeurs : incontournables et challengers
En matière d’outils, la consolidation récente des éditeurs de logiciels décisionnels autour des quatre géants (IBM, Microsoft, Oracle, SAP) alimente également les initiatives liées à l’évolution du SID ou à la rationalisation des outils. Le poids de l’existant au sein de l’entreprise (le parc installé) ou la présence « historique » d’un éditeur a parfois pesé dans les trajectoires d’évolutions. Cette consolidation a également créé de fortes attentes en 2009 : quid de l’évolution des solutions technologiques ou des pratiques tarifaires ?
Mais l’année 2009 aura aussi permis à quelques acteurs innovants de plus petite taille, comme QlikTech, Tagetik ou Clarity Systems, de s’installer sereinement sur le marché des entreprises françaises. Leurs solutions ont très souvent suscité un intérêt fort chez les clients à la recherche de technologies innovantes, simples et rapides à mettre en œuvre. Dans le contexte économique de 2009 en effet, de très nombreuses directions informatiques étaient à la recherche de l’optimisation des délais et des coûts d’intégration afin de satisfaire une double exigence : délivrer l’information le plus rapidement possible aux décideurs et maîtriser les coûts sans remettre en cause les plateformes existantes. Ces nouvelles applications, travaillant en mémoire et pouvant être déployées en un temps record, ont naturellement suscité un engouement croissant.

Vers de nouveaux horizons
Quelques grandes tendances peuvent d’ores et déjà être identifiées pour 2010 : multiplication des sujets autour du pilotage des ressources humaines, la montée en puissance du décisionnel dans certains secteurs d’activités tel que le secteur public, son développement dans les PME/PMI et bien sûr la gouvernance de l’information.
Après une année placée sous le signe de la rentabilité, les entreprises sont nombreuses à reconsidérer leur capital humain. L’année 2010 s’inspirera probablement de cette thématique qui nécessitera la mise en œuvre de plusieurs solutions de pilotage autour des ressources humaines pour la gestion prévisionnelle des effectifs, le bilan social individuel, le pilotage de la performance RH ou encore la gestion de la rémunération (notamment variable).
Au delà de cette thématique fonctionnelle, 2010 permettra à certains secteurs d’activité d’accélérer leurs initiatives autour du décisionnel. Le secteur public constitue un excellent candidat potentiel : l’une des raisons à cela tient à l’évolution des pratiques de pilotage dans ce secteur (influencées par les grands programmes de type LOLF et Chorus) ainsi qu’à un impératif de maîtrise des moyens de plus en plus fort. Cela aura vraisemblablement pour incidence une présence renforcée des acteurs de l’open source (très prisés dans le secteur public) dans le monde du décisionnel, tels Jaspersoft, Talend ou Spago BI…
Les PME/PMI ne seront probablement pas en reste en matière de solutions décisionnelles. Les grands éditeurs leur ont quasiment tous packagé des offres dédiées en 2009 : IBM Cognos Express, SAP BPC Edge, Oracle BI Standard Edition One… Conjuguées à la démocratisation du décisionnel, ces offres devraient propulser la dynamique d’équipement dans ce secteur.
Dernière thématique en vue, et non des moindres : la gestion de l’information de l’entreprise, connue sous différents vocables : EIM (Enterprise Information Management), gouvernance de l’information ou des données, Data Management… et ses composantes comme le MDM (Master Data Management) et les référentiels de données. En 2009, ces sujets ont attiré une très forte attention des entreprises soucieuses de maîtriser, d’améliorer la qualité de leurs données ou d’unifier la gestion et la vision de leurs référentiels (produits, clients, fournisseurs…). Les grands éditeurs du décisionnels ont tous, aujourd’hui, des offres en la matière à leur catalogue. Le thème porteur de la gestion de l’information de l’entreprise mobilise des budgets significatifs pour 2010 au sein des entreprises à la recherche d’une valorisation de leurs systèmes d’informations.
À plus long terme, les technologies du décisionnel continueront à évoluer et vont vraisemblablement tendre vers de nouvelles générations de solutions de recherche et de gestion des données structurées et non structurées, couplées à des fonctionnalités de recherche des informations avancées de type SBA (Search-Based Application). Un vaste programme pour les entreprises et de nouvelles opportunités pour les acteurs du décisionnel !



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