Dans ce monde du big data et de la post-vérité, les médias peuvent-ils nous aider ?


Rédigé par le 15 Mars 2017

Depuis quelques années l’avalanche de données due aux nouvelles technologies de l’information et des communications nous a fait entrer dans l'ère de la post-vérité. C’est particulièrement vrai en politique, où tout fait que l’on tente d’établir est aussitôt contesté avec toute sorte de données qui traitent plus ou moins du même sujet sur des angles différents. Au final, compte tenu de la complexité des multiples dimensions d’un sujet de politique nationale, il est souvent difficile pour le citoyen de se faire une idée de la réalité, et ce contexte favorise l’accusation du mensonge généralisé des élites.



Dans le monde de la post-vérité, il est difficile (impossible ?) d’établir un fait auprès de l’opinion publique, car une part très importante de la population et de la presse ne regarde pas le monde tel qu’il est, mais à travers le filtre de leur conviction politique et est même peu ouverte aux faits mêmes vérifiés par des organismes ou médias sérieux. Dans ce contexte pour qu’un fait « sonne vrai » pour quelqu’un, il faut juste, même si c’est une contre vérité, qu’il corresponde à ses convictions ou aux discours habituels de son camp. Exemple, la mondialisation génère de la pauvreté dans le monde, alors que toutes les études montrent que durant ces trente dernières années 1 milliards de personnes sont sortie de la grande pauvreté.

Les manipulateurs professionnels, les pros de la désinformation ont bien compris l’intérêt de multiplier les communications plus ou moins vraies, mais surtout orientées. Ils sont en cela les dignes successeurs de Goebbels, qui disait, « un mensonge dit une fois est un mensonge, mais répété mille fois il devient une vérité ». Ainsi à l’occasion des primaires de la droite & de la gauche, on a pu voir à l’œuvre des armées de trolls sur tweeter par exemple, déversant les mêmes messages avec les mêmes liens ou les mêmes photos.

Plus grave les tenants de la « French Theory » martèlent qu’il n’y a pas de vérité ou qu’elle n’est pas humainement atteignable, ouvrant la porte à tous les relativismes possibles et autorisant chaque groupe social à définir sa propre version des faits, d’autant plus respectable si elle émane d’une minorité ou d’une communauté qui revendique un statut de victime. C’est dans ce contexte que l’on assiste à l’arrivée du politicien post-réalité qui est totalement hors-sol et ne délivre à ses supporters que les messages qu’ils veulent entendre, sans se soucier de la faisabilité, s'appuyant des experts ou des journalistes encartés. À ce jeu, beaucoup de problèmes réels que beaucoup vivent au quotidien sont soit niés, soit très minimisés, au profit de revendications communautaires, sectaires, de minorités organisées et politisées.

Cependant, il n’y a pas de quoi s’inquiéter, car les médias français, nous aident à distinguer la vérité, qu’ils nous répètent sans relâche : la France est le pays le plus visité au monde, nous avons la meilleure cuisine au monde, que l’on peut aller déguster dans un restaurant de la plus belle avenue au monde, en regardant passer les Parisiennes qui sont les femmes les plus chics au monde, nos sportifs sont les meilleurs du monde (judoka, handball, …), notre Rafale est le meilleur avion au monde, nos French Touch et Tech sont enviés par le monde entier, et Paris sera toujours Paris, le Brexit est une erreur, Poutine, Erdogan, Trump sont … etc. Dormez bien les petits enfants !

Pour ceux qui douteraient de l’aide des médias et de leurs dynasties de journalistes, je conseille de lire des essais, comme : Décadence – de Michel Onfray ; La France est-elle finie – de Jean Pierre Chevènement ; Un racisme imaginaire, la querelle de l’islamophobie – de Pascal Bruckner, etc.

Pour aller plus loin sur ce thème plus général des données, des informations et de la démocratie vous pouvez consulter mon blog : [http://www.decideo.fr/bruley/Donnees-informations-open-data-democratie_a123.html]url



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