Gartner se rebelle contre les "Big Four", SAP, Oracle, Microsoft et IBM


Rédigé par le 20 Novembre 2011

Le monde du conseil n'est plus à la mode, et les "big four" de notre industrie s'appellent maintenant SAP, IBM, Microsoft et Oracle. A eux quatre, ils dépensent des milliards de dollars en acquisitions "stratégiques" chaque année, et leurs clients dépensent à leur tour des milliards de dollars en logiciels. Mais leurs stratégies servent-elles leurs clients ou exclusivement leurs propres intérêts ?



Dennis Gaughan, analyste chez Gartner
Le cabinet d'analyses Gartner par la voix d'un de ses analystes, Dennis Gaughan, vient de donner un bon coup de pied dans la fourmilière à l'occasion s'un symposium en Australie. Et les quatre grands éditeurs de plateformes en prennent pour leur grade. Son analyse est basée sur les entretiens qu'il a eu récemment avec des utilisateurs en entreprise.

Microsoft chercherait en priorité à protéger Windows et Office. Le lancement de nouvelles fonctions ou de nouveaux produits serait étudié de manière à sécuriser le client dans son usage de l'ensemble de la plateforme et à l'en rendre dépendant. Il conseille de procéder avec une extrême prudence avant d'envisager une migration vers Office 365 ou de plonger dans une organisation informatique 100 % Microsoft.

Les différents produits proposés par Oracle ne fonctionneraient pas vraiment bien ensemble. L'intégration entre les solutions proposées par une force de vente très agressive ne serait pas aussi bonne que celle de SAP. Dans les faits, le travail d'intégration serait simplement laissé à faire par le client. L'absence de communication de la part de Oracle sur sa stratégie produit s'expliquerait par leurs craintes que les prochains produits ne cannibalisent les offres existantes. Dennis Gaughan révèle que Oracle réaliserait plus de 90% de ses bénéfices sur la maintenance de ses solutions, et il s'étonne que tant de clients continuent de traiter avec Oracle alors même que l'éditeur est qualifié de "celui avec lequel il est plus difficile de traiter".

Dennis Gaughan conseille de se méfier de la stratégie de IBM qui tenterait de prendre le contrôle de l'ensemble de votre système d'information et de votre stratégie; insistant sur le fait que le vrai métier de IBM aujourd'hui est de vendre de la prestation de services.

Quant à SAP ils tromperaient leurs clients à travers leur liste de prix. De nombreux clients SAP auraient sollicité le cabinet Gartner pour les aider à comprendre la grille de tarifs de SAP, qui serait basée sur des indicateurs non habituels de facturation. Dennis Gaughan note également que le marché sur lequel SAP a vécu ces dernières années, la migration de R/3 vers Business Suite, est en passe de se tarir. Il conseille donc aux clients de sécuriser leurs contrats de maintenance sur une période de plusieurs années, car il anticipe que SAP ne devrait pas tarder à annoncer des hausses de ses tarifs de maintenance pour maintenir son chiffre d'affaires.

On ne peut que saluer cette opération transparence de la part du Gartner; à laquelle l'analyste ne nous a pas habitué, plutôt coutumier de décerner des accessits à tout le monde pour satisfaire tous les acteurs du marché, qui sont aussi ses clients. Nous applaudissons donc des deux mains cette franchise. Dennis Gaughan enfonce le clou, en estimant que le principal objectif de ces sociétés n'est pas l'innovation, mais de maintenir le statu quo et donc leur position dominante aussi longtemps que possible, même si finalement cela se fait au détriment de leurs clients.



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