Implants électroniques : ils vont remplacer les clés, les portefeuilles, et ils aideraient à retrouver les mineurs disparus


Rédigé par Melva Hernandez le 18 Juillet 2018

Près de 3 000 personnes en Suède se sont laissés séduire par les implants ; mais nous ne parlons pas ici des implants en silicone utilisés en chirurgie plastique ! Ce sont des implants électroniques, ou puces, qui utilisent la même technologie que celle des cartes bancaires. Ils ont la taille d’un grain de riz et s’insèrent sous la peau, pour être utilisés comme des clés pour entrer dans les foyers ou les bureaux, débloquer des téléphones portables ou pour être utilisés comme des dispositifs d’identification, et même pour stocker des billets de train. Une nouvelle technologie pour identifier les personnes et partager des données qui pourraient même rendre obsolète l’usage des clés, cartes de paiement plastiques, pièces et portefeuilles.



Du piercing aux implants électroniques

Simple, rapide - et douloureux - comme se faire un piercing. En fait, les personnes qui tatouent et percent le corps humain sont les mêmes qui maintenant travaillent à l’implantation de ces dispositifs électroniques dans le cadre de foires de technologie connues sous le nom de "implant party", organisées en Suède depuis 2015. Ce pays scandinave qui compte près de 10 millions d’habitants est une nation pionnière et passionnée par les technologies disruptives, qui ne craint pas l'humanité augmentée ou une possible intrusion technologique dans le corps humain ; un pays pour lequel partager ses données personnelles n'est pas aussi polémique que dans d'autres pays de la planète.

Est-ce le début de la transformation « cyborg » ?

Des milliers de Suédois se sont fait insérer une puce sous-cutanée - un processus qui dure seulement quelques secondes et qui est réalisé avec une seringue - principalement dans les mains et les avant-bras, afin de stocker ses données personnelles dans ce minuscule dispositif, lequel émet des signaux seulement lorsque les parties du corps où il se trouve se placent à une distance de moins de deux centimètres d'un lecteur NFC (Near Field Communication). Divers aspects de la vie quotidienne sont facilités par cet implant : s'identifier, débloquer des téléphones portables, ouvrir la porte des appartements, entrer dans les bureaux, entrer dans les gymnases, remplacer les cartes bancaires, acheter dans les machines distributrices à snacks et à boissons, se scanner avec un téléphone portable pour accéder directement aux réseaux sociaux, même remplacer les billets de train... en résumé, accéder à tout un ensemble de données stockées sous la peau.

Beaucoup d'entreprises suédoises sont déjà préparées technologiquement à utiliser des paiements sans contact, et elles ont mis en place une nouvelle infrastructure pour accepter les paiements directement avec l'usage d'implants technologiques sous la peau de leurs clients ; du point de vue technologique, pour le lecteur NFC peu importe si ce qu'il lit est une puce dans une carte ou une puce insérée sous la peau. Il n’est donc pas nécessaire de déployer de nouvelles machines de lecture.

Il s’agit de la première génération de ces dispositifs à usage commercial. Les risques de piratage restent élevés, puisqu'il suffit seulement de passer discrètement un téléphone portable près de la puce sous-cutanée pour en lire les données ; situation qui va s'améliorer très probablement avec des techniques de cryptage, afin de protéger l'accès à l'information stockée dans ces implants électroniques. Les autres risques associés à ces implants sont de type médical, paradoxalement car les principales applications des implants sous-cutanés sont celles liées à la santé.

Vigilance partout ?

Il est vrai que l'utilisation de ces puces sous-cutanées est pour l'instant limitée, et soulève beaucoup de questions de type éthique. Pourtant, les applications sont prometteuses et presque illimitées pour la transformation personnalisée et l'intégration électronique dans le corps humain. Le principal usage est de type médical, il consiste en l'obtention d'information liée à la santé (fréquence cardiaque, température corporelle, niveau de sucre, etc.) permettant ainsi d'accéder à toutes ces données de façon immédiate dans le cas d'urgences médicales. Accéder aux transports en commun, payer au restaurant, ou entrer au bureau feraient partie des nouveaux usages. Subsiste la question des données, où sont-elles stockées, pendant combien de temps, qui peut y avoir accès, qui en est propriétaire ?

Il est important de souligner que ces puces sous-cutanées sont utilisées depuis plusieurs années pour les animaux, dans des pays comme les États Unis et la France. Spécialement, pour les animaux domestiques. Les données de ces animaux (nom, date de naissance, propriétaire, adresse, âge, vaccins, sexe, par exemple) sont collectées par les sociétés vétérinaires, et organisations chargées de centraliser et actualiser toute cette information au niveau national.

Un des usages prometteurs mais polémiques de cette technologie, est celui lié à la géolocalisation des êtres humains : spécialement pour les patients qui souffrent d'Alzheimer et pour éviter la disparition des enfants.

Tous les jours autour de la planète, des enfants disparaissent ; qu’ils se perdent ou soient enlevés. Les chiffres présentés par le Centre International de Mineurs Disparus et Exploités Sexuellement - ICMEC - une organisation internationale non gouvernementale qui lutte contre la disparition, exploitation et abus sexuel des mineurs à niveau global, sont effrayants. Voici le nombre de mineurs d'âge qui disparaissent dans le monde par an : 20 000 en Espagne, 464 000 aux États-Unis, 40 000 au Brésil, 96 000 en Inde, 45 000 en Russie, 19 956 en Corée du Sud, 45 609 au Canada, 60 045 au Royaume Uni, 25 000 en Australie.

Si vous avez des enfants mineurs, accepteriez-vous de placer un implant électronique sous leur peau pour pouvoir les localiser s’ils se perdent ou sont kidnappés ? Ou considérez-vous que cela représente une intrusion trop importante dans leur vie privée ? Qu’en pensez-vous ?



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