Les premiers seront les derniers…


Rédigé par le 14 Mai 2006


L’article sur le décisionnel publié par Décision Informatique du 1er mai aurait pu trouver dans sa place dans l’édition du 1er avril, tout au moins pour son tableau de synthèse présentant les principales offres du marché.




La presse adore les chiffres. Peu importe parfois leur absence d’analyse et leur incohérence, tout bon rédacteur en chef exigera de ses journalistes et pigistes que ses articles soient étayés de chiffres. Au point que parfois, leur cohérence et leur signification en soit totalement occultée.

Il ne sert pas à grand-chose de préciser qu’un Airbus ou un Boeing coute 240 millions d’euros lorsque certaines compagnies aériennes obtiennent 50 ou 60 % de réduction. Dans le décisionnel, toutes proportions gardées, c’est un peu la même chose. Décision Informatique a ainsi souhaité publier un tableau comparatif indiquant le prix des principales solutions décisionnelles. Information fournie par les éditeurs bien entendu.
Le résultat final en est presque comique, d’où ma gourmandise de le partager ici avec vous. Les solutions décisionnelles les moins chères d’après Décision Informatique sont : Microstrategy (190 €), Oracle (425 €) et BristolDecision (700 €)… A l’autre extrémité du classement, on retrouve les solutions les plus couteuses : Prelytis (14 000 €), Business Objects (20 000 €) et Information Builders (35 000 €). Entre les deux, certains ont anticipé le piège et choisi de ne pas fournir d’informations précises : Cognos, Hyperion et SAP sont en effet tarifiés « sur devis ».

Bien entendu ces écarts s’expliquent car certains éditeurs ont indiqué des prix par utilisateur, d’autres des prix par serveur, d’autres encore des configurations moyennes… Je ne suis pas certain en effet d’obtenir chez Microstrategy, en échange d’un chèque de 190 €, une « plate-forme intégrée de décisionnel pour répondre aux besoins de reporting, d’analyse et de pilotage » ! Il aurait d’ailleurs fallu ne pas oublier les solutions décisionnelles en open source dans ce tableau…

Les lecteurs les plus avertis auront souri face à ce classement un peu inversé. Mais un responsable informatique en phase de découverte risque de se laisser influencer par un classement totalement absurde du point de vue financier. Plus gênant encore, les éditeurs, comprenant que pour être bien classés il suffit de fournir au journaliste n’importe quel prix bas, sauront en profiter. Les prochains classements pourraient être encore plus surréalistes, si le prix reste un des principaux critères.

Suggestion : un classement intéressant pourrait être fait en fonction du nombre de sociétés utilisatrices, un travail certainement plus complexe, que le journaliste devra vérifier, mais qui apporterait une information complémentaire intéressante.



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