Néandertal et les mégadonnées


Rédigé par le 2 Aout 2015

L’homme de Néandertal qui a vécu en Eurasie pendant environ 300 000 ans a laissé peu de traces, en effet nous le connaissons aujourd’hui grâce à 270 fossiles seulement, retrouvés dans 130 sites différents. Nous le connaissons aussi grâce aux traces matérielles qu’il a laissées, appelées la culture du Moustérien, qui est marquée par la généralisation d'une méthode de débitage particulière, la méthode Levallois, mais aussi par les premières sépultures (24 retrouvées), ainsi que les premiers indices de préoccupations esthétiques (utilisation d'ocre, collecte de fossiles, incisions géométriques sur des ossements, etc.).



Michel Bruley
Globalement cela représente peu de données, mais en les exploitant bien et en suivant le principe de l’actualisme, qui postule que « le présent est la clé du passé », les scientifiques tentent de cerner ce qu’a pu être la vie des néandertaliens, en s’inspirant par exemple de la vie des derniers hommes vivant encore dans des conditions archaïques, ou en partant du fait que la morphologie des Inuits a des points communs avec celle de l’homme de Néandertal.

D’après les scientifiques, ils n’ont jamais été guère plus de 50 000 à un moment donné, dont ~4000 habitaient la France structurés en 200 groupes de 20 personnes. Ils avaient une constitution robuste, les hommes mesuraient ~1,65m et pesaient 90kg, la femme 1,55m & 70kg. Ils devaient avoir une forme de langage articulé. Leur alimentation que l’on a cru longtemps être celle d’un chasseur exclusivement carnivore, s’est finalement révélée, grâce à de récentes analyses de données approfondies, être celle diversifiée d’un chasseur-cueilleur.

En effet la connaissance des néandertaliens est train de faire un bond prodigieux, grâce à différentes études fondées sur les toutes dernières possibilités de la recherche scientifique. Par exemple une étude portant sur plus de 600 couronnes dentaires de néandertaliens a montré qu’ils souffraient quasiment tous de sérieuses carences alimentaires. Cependant, ce sont les études sur leur ADN, déjà publiées, alors que plusieurs sont encore en cours, qui sont en train de bouleverser notre vision. Il en ressort actuellement par exemple, qu’il a existé trois types différents de néandertaliens, qu’il y a eu hybridation entre des néandertaliens et des hommes modernes, et qu’une faible part (1 à 4%) du génome des populations des hommes modernes non africains est héritée des néandertaliens. Des études sont en cours qui confirmeront, nuanceront, infirmeront l’interprétation de ces premiers résultats issus du traitement de milliards de paires de base d’ADN nucléaire, issues d’ossements fossiles de néandertaliens.

Cependant la recherche n’explique toujours pas la disparition des néandertaliens en moins de 10 000 ans, alors que l’homme moderne connaissait une extension géographique remarquable. De très nombreuses hypothèses sont à l’étude : génocide, épidémies importées par l’homme moderne, maladies endogènes, nomadisme trop poussé du fait de la concurrence de l’homme moderne, malnutrition, chute démographique irréversible, dilution génétique au sein de l’homme moderne, etc. Comme souvent pour les accidents d’avion, il faudrait peut-être combiner de multiples facteurs pour approcher la réalité. Quoi qu’il en soit je suis certain que les traitements en cours & à venir de mégadonnées vont dans les années qui viennent faire progresser notre connaissance de cet ancêtre.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le site suivant : http://www.hominides.com/index.php



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