Tagetik traverse les Alpes et ouvre une filiale à Paris


Rédigé par par Philippe Nieuwbourg le 23 Septembre 2008



Bruno LEBLANC, directeur de Tagetik France
L'éditeur transalpin spécialisé dans les progiciels de gestion de la performance et la consolidation financière se décide à franchir le tunnel (du Mont-Blanc) et à ouvrir à Paris sa seconde filiale. Présent dans plusieurs pays européens au travers de distributeurs, c'est dans une filiale que l'éditeur a choisi d'investir, comme il l'a déjà fait aux Etats-Unis. Un signe que Bruno Leblanc, en charge de diriger ces premières opérations hexagonales, interprète comme un signal très positif de la place que Tagetik souhaite accorder à la France dans son développement.

Une place qu'il compte bien occuper sur le marché, en profitant du trouble créé par les rapprochements de 2007 dans le domaine du décisionnel. Alors que SAP et Oracle semblent parfois plus occupés par l'intégration de leurs acquisitions, Tagetik pense pouvoir profiter de la brèche. En deux ans, tous les acteurs de la consolidation financière et de l'analyse de la performance ont changé de main : Concept repris par Sage, Cartesis par Business Objects, Hyperion par Oracle, Cognos par IBM... Tagetik par... personne. Et Bruno Leblanc est convaincu que l'éditeur ne projette pas de céder prochainement aux sirènes du carnet de chèques. Tagetik est en réalité une entreprise assez différente des autres citées précédemment : Italienne ce qui est rare pour un éditeur de logiciels, familiale ce qui n'est pas rare pour une entreprise italienne, privée ce qui évite les obstacles et tentations d'un raisonnement d'actionnaire pur.

Une entreprise familiale comme s'en souvient parfaitement Bruno Leblanc qui a vu débarquer le jour de sa première visite au siège italien, le "père fondateur" de l'entreprise soucieux de savoir ce que le petit français pensait de son produit. C'est la deuxième génération qui est aujourd'hui aux commandes de l'entreprise. Une entreprise qui s'est fortement transformée ces dernières années, passant de cinquante personnes essentiellement dédiées au service à plus de deux cent cinquante personnes et un métier d'éditeur.

Bruno Leblanc a été choisi pour créer et diriger la filiale française pour sa bonne connaissance du marché visé par Tagetik. Découvrant le décisionnel chez Comshare, il y créé la filiale Suisse basée à Zurich et remporte alors de beaux succès commerciaux. Plus récemment, il avait rejoint Hyperion et donc Oracle, mais le défi de la création lui manquait sans doute dans cette grande structure. Il disposera pour débuter d'une petite équipe de trois consultants chargés de l'avant-vente et de la mise en place, mais s'appuiera sur la "task force" de l'éditeur à une heure d'avion et composée de consultants qui maîtrisent parfaitement le français. Un atout important face à ces entreprises purement américaines qui tentent le grand saut européen.
Le modèle de distribution sera essentiellement indirect et Bruno Leblanc compte sur les intégrateurs spécialisés pour faire connaître, vendre et installer Tagetik. Même si les contrats n'ont pas forcément été formalisés, des relations ont déjà été concrétisées avec Keyrus, Micropole-Univers, Polarys et Klee Performance. Polarys est en cours d'implémentation de Tagetik dans la filiale française de Sorgenia, groupe italien spécialiste de l'énergie éolienne. Ayant ouvert sa filiale il y a quelques jours, début septembre, Bruno Leblanc reste prudent dans ses objectifs : cinq ou six clients majeurs signés pendant la première année. Des clients majeurs car Bruno Leblanc est à la recherche de références, de grandes références, pour ensuite convaincre plus largement. Des clients que l'éditeur convaincra par la base. Tagetik propose en effet un logiciel orienté utilisateurs. Sa cible n'est pas le service informatique, mais les utilisateurs métiers qui y retrouvent leurs habitudes et des capacités de paramétrage à leur portée.

Le tableau semble donc idyllique ou presque. Deux interrogations subsistent : le marché et la stratégie des fondateurs. Si les rapprochements de 2007 ont certainement laissé le champ libre à l'épanouissement de quelques plus petits éditeurs, ils ont également "verrouillé" les décisions de grands groupes qui ont choisi ou subi leur camp, SAP ou Oracle. La marge de manoeuvre des éditeurs indépendants reste limitée. Quant à l'atout que représente une société familiale dans son management et son actionnariat, il sous-entend également la réalisation, à un horizon à définir, de leur investissement. Reste à savoir quand !



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