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Analyses de données & rapports pleins d’euphémismes, le politiquement correct est-il le signe d’un totalitarisme ?


Rédigé par le 1 Février 2017

Dans de précédentes contributions, j’ai eu l’occasion de m’exprimer sur l’importance des données en politique (arguments de poids, carburant du contrôle démocratique des citoyens), mais aussi sur la désinformation dans notre monde de la post-vérité. Pour retrouver ces contributions, il faut suivre le lien suivant : Données, information, open data & démocratie. Aujourd’hui, je propose de traiter du politiquement correct.



Quand nous parlons, nous exprimons notre opinion et notre vision de la réalité. Indépendamment du fait que notre expression peut ne pas être fidèle à notre pensée, nous exerçons souvent notre pouvoir de transformer la réalité en utilisant des euphémismes. L’euphémisme consiste à exprimer une idée ou un sentiment lié à une réalité difficile ou choquante en utilisant une expression atténuante, une appellation adoucie. Par exemple au lieu de dire « il est mort », nous disons plus facilement il est parti, il s’en est allé, il nous a quittés …

Depuis quelques années, l’emploi massif d’euphémismes notamment en politique a donné naissance à l’expression de politiquement correct. On nous explique que le politiquement correct cherche à protéger les gens contre les stéréotypes injustes, empêche les gens d'offenser les autres et protège les droits des citoyens. Par exemple il est politiquement correct de parler de : personne de couleur, défavorisée, du 3ème âge, à mobilité réduite, handicapée, non voyante ; ou de demandeur d’emploi, technicien de surface, SDF, disparition suite à une longue maladie… ; ou de dommages collatéraux, frappe chirurgicale, théâtre des opérations … ; ou de rationalisation du personnel, réorientation de carrière, contre-performance, de tarif qui évolue … ; ou de pays émergents … À noter que les expressions politiquement correctes sont très volatiles, et s’usent très vite.

Le politiquement correct est massivement utilisé en temps de guerre, notamment comme composante de la propagande, dans ce cas, les euphémismes ont pour effet de diminuer l'impact d'une information sur le moral de la population afin de conserver son soutien. Cependant en temps de paix le politiquement correct, souvent non seulement bride l’expression, mais voit souvent les propos pourchassés par des ayatollahs de la pensée normée, par la maréchaussée médiatique et in fine notre perception, notre connaissance des faits sont limitées, tout cela nous conduisant à une perte de vue de la réalité. La police de la parole correcte, conduit à imposer aux gens ce qu'ils peuvent penser en les limitant à ce qu'ils peuvent dire. Par exemple dans les quartiers, il n’y a plus de délinquants relevant de la justice, mais des sauvageons devant être éduqués et il n’y a pas de gangs, mais des groupes de jeunes, des personnes involontairement oisives …

Dans la vie de tous les jours, une majorité de personnes voit le politiquement correct comme un gadget de communication qui n’est pas très gênant, mais n’a pas non plus un effet positif global sur notre société. Cependant certains pensent que le politiquement correct relève d’une forme de totalitarisme qui au nom du « collectif » déformerait la vérité, limiterait la libre expression, et imposerait une conscience formatée. Sans peut-être aller jusque-là, force est de constater que le politiquement correct est un anesthésiant puissant et que notre retour à la réalité risque d’être brutal. À moins que, comme Saint Augustin l’a écrit : « À force de tout voir, on finit par tout supporter… À force de tout supporter, on finit par tout tolérer… À force de tout tolérer, on finit par tout accepter… À force de tout accepter, on finit par tout approuver ». Bienvenue dans un roman de Michel Houellebecq.




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