Edward Funnekotter, Chief Architect et AI Officer, Solace
Il est évident qu’avec l’IA, de plus en plus d’entreprises vont augmenter les dépenses en ressources internes, comme le personnel qualifié ; une grande partie de la nouvelle technologie IA reste toutefois hors de prix. Qu’en est-il de la feuille de route ? Où trouver les cas d’utilisation offrant des avantages réels aux entreprises ?
Nous savons tous que l’IA va se développer, et les budgets technologiques suivront le mouvement en conséquence. IDC anticipe que cette évolution des dépenses informatiques vers l’IA va être rapide et spectaculaire, se répercutant sur pratiquement tous les secteurs industriels et toutes les applications. D’ici à 2025, les organisations Global 2000 vont consacrer plus de 40 % de leurs dépenses informatiques essentielles aux initiatives liées à l’IA, aboutissant à une accélération à deux chiffres du rythme des innovations en matière de produits et de procédés.
Pleins feux sur la valeur commerciale de l’IA
D’après moi, 2024 sera l’année où les organisations vont commencer à donner la priorité à la valeur commerciale de l’IA. La plupart des applications IA actuelles reposent sur les grands modèles de langage ou l’IA générative capable de générer du texte et des images, fournissant une myriade d’applications accrocheuses et "gadgets" destinées aux consommateurs. En examinant leurs propres priorités en matière d’IA, les organisations doivent non seulement se concentrer sur la valeur des améliorations que l'IA va conférer au produit proposé, mais également sur le fait que chacun des outils qu’elles utilisent en interne pourrait bénéficier de perfectionnements IA pour leur apporter une valeur commerciale. Ces ajouts ne manqueront pas d’augmenter le prix des abonnements, allant même parfois jusqu’à doubler le coût par utilisateur de l’outil.
Il est évident que les organisations devront trouver le juste équilibre afin de bénéficier à l'endroit opportun d'un rapport coût/avantage leur permettant de tirer une réelle valeur commerciale sans gaspiller d’argent.
Prévision 1 : l’IA est productisée pour des applications intelligentes, mais il faut lui fournir les bonnes données
En 2024, I’IA et les données vont être « productisées » dans des applications intelligentes pour délivrer une réelle valeur commerciale et des informations intelligentes. Dans ses tendances stratégiques pour l'informatique en 2024, Gartner définit les applications intelligentes comme des applications consommateurs ou commerciales qui sont enrichies par l’IA et les diverses données connectées provenant de transactions et sources externes.
Mais dans un monde où l’IA est omniprésente, les données constituent un atout crucial pour alimenter les modèles et les applications de l’IA. On assiste à l'heure actuelle à une véritable appropriation des données.
Deux défis barrent la route à la grande appropriation des données : quand on parle de silos, ça veut dire les silos de données !
Les fournisseurs de technologie et les prestataires de service l’ont reconnu et accélèrent les investissements dans des capitaux données supplémentaires afin d’améliorer leur position concurrentielle. Ceci est indispensable car, comme l’a constaté IDC, seules 12 % des entreprises connectent les données clients entre leurs différents services, et 42 % ne tirent pas parti de leurs données.
… et il est indispensable d’adopter un contrôle unifié
Pour que l’IA et les données puissent collaborer fructueusement, il faut une entreprise connectée et un contrôle unifié. Dans les années à venir, les équipes informatiques vont devoir commencer à naviguer vers la maturation des plateformes de contrôle au fur et à mesure que celles-ci évoluent pour passer de simples échanges avec quelques systèmes de base à la consolidation en une plateforme unique chargée d'orchestrer les opérations à travers l’ensemble de l’infrastructure, des données, des services IA et des applications et procédés métier.
Tout cela exige la mise en mouvement des données, afin d’acheminer les bonnes données vers les bons services, et cela n’importe où dans le monde !
Prévision 2 : le maillage d’événements est clé : le mouvement des données et l’IA sont les véritables moteurs des applications intelligentes
En 2024, les organisations doivent évoluer pour passer d’une simple « génération » de données à une « accélération » des données et des décisions. La solution : un maillage d’événements, c’est-à-dire un réseau de brokers d’événements interconnectés qui facilite la distribution des données d'événements entre les applications. Le maillage d’événements permet de superposer les inférences de l’IA les unes sur les autres, ajoutant progressivement de l’intelligence.
Quelques explications : prenons comme exemple, une application pratique qui fusionne l’IA avec un maillage d’événements afin de réagir à la nature analogique du monde pour traiter et répondre à diverses entrées de type audio, vidéo et texte humain.
Imaginons maintenant une application dédiée aux responsables des incidents qui surveille les installations de l’entreprise. La présence d'agents de service dans le bâtiment, ainsi que de caméras de sécurité, permet de réagir correctement aux événements qui se déroulent dans les locaux. Mais d’autres personnes et employés pourront aussi envoyer par message ou via Slack des informations critiques au responsable des opérations dans le bâtiment.
Les agents IA, chacun tenant un rôle spécifique, peuvent s’abonner aux événements provenant de ces entrées pour les transformer en événements plus facilement consommables. Au sein de ce maillage, ces entrées seront extraites et transmises au modèle approprié en se basant sur une description hiérarchique par événement de l’événement en question. Supposons que l’agent de sécurité ait envoyé un message indiquant un problème dans l'espace d'accueil. Ce message n’a aucun intérêt pour l’application du responsable des incidents. Par contre, si vous le faites passer par le modèle de synthèse vocale en y ajoutant le texte que l’agent de sécurité a réellement utilisé, il sera acheminé vers le responsable des incidents qui disposera alors d’une description textuelle de ce que l’agent de sécurité a dit.
En faisant appel au LLM (grand modèle de langage, en anglais Large Language Model) de l’IA, il pourra décider de la mesure appropriée à prendre selon le problème en question. Certaines de ces mesures devront être énoncées verbalement. Dans ce cas, elles pourront être dirigées vers le modèle de synthèse vocale pour être ensuite diffusées sur le walkie-talkie de l’agent de sécurité. Il est évident que ces informations seront augmentées et transmises par le biais du responsable des incidents, le tout piloté par l’IA. Elles pourraient ensuite être publiées dans le maillage d’événements afin de déclencher automatiquement les étapes suivantes, à savoir activer et désactiver les alarmes ou alerter les services d’urgence qui s’occuperont des incidents survenus.
Ce qui est important ici, c’est qu’un maillage d’événements, associé à l’IA, traduit une série d’événements analogiques en un flux rationalisé d’informations, permettant d’obtenir des renseignements extrêmement rapidement. Comme le démontre notre exemple, la valeur commerciale pourrait être considérable.
Prévision 3 : 2024 va voir la montée en puissance de l’ingénieur plateforme, chargé de mettre en œuvre la valeur commerciale des applications
Mais ces applications n’auront qu’une valeur hypothétique s'il est impossible, en premier lieu, de les concevoir et de les développer. C’est pourquoi le fait que Gartner s'intéresse à des thèmes comme l’arrivée à maturité de l'ingénierie de plateforme en 2024 est particulièrement prometteur. L’ingénierie de plateforme correspond à une tendance émergente visant à moderniser la mise en œuvre de logiciels dans l’entreprise, particulièrement pour la transformation numérique. C’est une approche qui peut accélérer la mise en œuvre des applications et le rythme auquel elles génèrent une valeur commerciale.
Elle améliore l’expérience et la productivité des développeurs en leur donnant des capacités de libre-service grâce à des opérations d’infrastructure automatisées. Cela implique de la discipline dans la création et l’exploitation des plateformes internes de libre-service. Chaque plateforme constitue une couche créée et maintenue par une équipe produit dédiée, conçue pour répondre aux besoins de ses utilisateurs en s’interfaçant avec des outils et des procédés. L’ingénierie de plateforme a pour but d’optimiser l’expérience des développeurs et d’accélérer l'apport de valeur ajoutée offerte par l’équipe produit.
Gartner anticipe que d’ici à 2026, 80 % des organisations spécialisées dans l’ingénierie logicielle vont établir des équipes plateformes et que 75 % d’entre elles vont inclure des portails de libre-service pour les développeurs.
Prévision 4 : les technologies de l’IA vont jouer un rôle essentiel pour raccourcir encore les cycles de développement des logiciels
En 2024 va naître une multitude d’opportunités pour utiliser l’IA dans le développement des applications. La question de savoir dans quelle mesure est sujet à débat. Forrester anticipe, par exemple, que les robots d’IA générative, ou TuringBots comme ils les appellent, vont jouer un rôle important cette année dans le raccourcissement de 15 à 20 % des cycles de vie du développement des logiciels.
À mon avis, l’heure n’est pas encore arrivée où les équipes de développement intègreront totalement les robots IA dans le cycle de vie de leur développement logiciel. Mais l’intention est là. Il ne fait aucun doute que les technologies de l’IA telles que l’IA générative et l’apprentissage machine (ML) vont aider les ingénieurs logiciels à créer, tester et mettre en œuvre des applications, en jouant un rôle d’assistant pour contribuer à accélérer les étapes du développement.
Je pense qu’en 2024, les organisations de développement vont passer plus de temps à examiner les cycles de vie du développement logiciel à travers le prisme de l’IA, en cherchant à mieux évaluer les points où les processus actuels présentent suffisamment de flexibilité pour intégrer l’IA de manière à apporter une valeur réelle. Par exemple, les outils de développement augmentés par l’IA seront intégrés dans l'environnement de développement de l’ingénieur pour produire un code, traduire les codes existants en langages modernes, permettre la transformation du design en code et enrichir les capacités de test des applications.
Prévision 5 : la mise au bûcher des silos en 2024 – Bienvenue dans l’entreprise intégrée du futur
Mais au milieu de la ruée vers les opérations en temps réel pilotées par l’IA, les grandes organisations disparates seront toujours limitées dans leur capacité à atteindre une valeur commerciale optimale en raison de leur dépendance à l’égard d’un amalgame complexe de systèmes anciens et/ou cloisonnés. N’oublions pas les statistiques IDC qui indiquent que seules 12 % des organisations connectent actuellement les données consommateurs entre leurs différents services ! L’étude menée par Constellation le confirme en précisant que « rares sont les entreprises qui relèguent leurs jeux de données ».
C’est la raison pour laquelle je suis convaincu que la ruée vers les données de l’IA va créer une urgence accrue à l’échelle de l’industrie pour une intégration orientée événements. Il s'agit de combiner les attributs de transformation des données et de connectivité d'un iPaaS avec la chorégraphie dynamique en temps réel d'un broker et d’un maillage d’événements. Ce n’est qu’avec ce modèle d’architecture d’entreprise que les systèmes, anciens et nouveaux, pourront fonctionner ensemble pour offrir des expériences numériques transparentes et en temps réel, reliant des événements entre différents services, lieux géographiques, systèmes sur site, périphériques IoT dans un environnement cloud voire multicloud.
Ne cherchez plus, une bière fraîche est à portée de la main
Prenons comme exemple une organisation de l’envergure du groupe brassicole international HEINEKEN qui exécute des milliers d’applications critiques dans 190 pays. Pour réaliser son objectif, à savoir « devenir le brasseur le mieux connecté au monde », la société a introduit sa stratégie commerciale EverGreen, étayée par un passage à l'intégration orientée événements. Par le passé, HEINEKEN voyait des centaines voire des milliers de scénarios point-à-point , alors qu'aujourd’hui ces scénarios sont exploités avec des modèles d’intégration de type « one-to-many », où il suffit qu’une application produise un événement unique (comme par exemple, la commande d’une bière) pour que toutes les autres applications du système (production, expédition, exécution, inventaire, paiements, lac de données dans le cloud, etc.) puissent simplement s’abonner à ce qu’elles souhaitent recevoir, et l’obtenir dès qu’il est publié. En mettant en place des interactions numériques transparentes à travers l’ensemble de la chaîne de valeur, HEINEKEN s’est désormais positionné pour prendre des décisions plus intelligentes, plus informées et en temps réel : il s'agit donc d'une organisation véritablement au diapason de ses données.
En 2024, IA et valeur commerciale iront de pair pour multiplier les opérations en temps réel
En 2024, il faut que les entreprises trouvent le bon équilibre entre le battage médiatique qui entoure l’IA et les avantages commerciaux qu'elle procure.
Nous allons certainement constater que l'IA va s’introduire dans de nouveaux produits et de nouvelles solutions en front-end, mais ces applications devront faire preuve de fluidité dans les données pour être à la hauteur des attentes. En back-end, il se peut que l’IA ait potentiellement un impact sur les procédés de développement logiciel, mais il reste beaucoup à faire avant que l’IA assure intégralement la conception des applications. En fin de compte, qu’elles soient prêtes pour l’IA ou non, de plus en plus d'organisations vont chercher à faire évoluer leurs stratégies d'API et d’intégration pour devenir davantage orientées événements et soutenir leur parcours vers des opérations véritablement en temps réel et à grande échelle. La clé est de transmettre les bonnes informations aux bonnes personnes, au bon endroit et au bon moment.
Nous savons tous que l’IA va se développer, et les budgets technologiques suivront le mouvement en conséquence. IDC anticipe que cette évolution des dépenses informatiques vers l’IA va être rapide et spectaculaire, se répercutant sur pratiquement tous les secteurs industriels et toutes les applications. D’ici à 2025, les organisations Global 2000 vont consacrer plus de 40 % de leurs dépenses informatiques essentielles aux initiatives liées à l’IA, aboutissant à une accélération à deux chiffres du rythme des innovations en matière de produits et de procédés.
Pleins feux sur la valeur commerciale de l’IA
D’après moi, 2024 sera l’année où les organisations vont commencer à donner la priorité à la valeur commerciale de l’IA. La plupart des applications IA actuelles reposent sur les grands modèles de langage ou l’IA générative capable de générer du texte et des images, fournissant une myriade d’applications accrocheuses et "gadgets" destinées aux consommateurs. En examinant leurs propres priorités en matière d’IA, les organisations doivent non seulement se concentrer sur la valeur des améliorations que l'IA va conférer au produit proposé, mais également sur le fait que chacun des outils qu’elles utilisent en interne pourrait bénéficier de perfectionnements IA pour leur apporter une valeur commerciale. Ces ajouts ne manqueront pas d’augmenter le prix des abonnements, allant même parfois jusqu’à doubler le coût par utilisateur de l’outil.
Il est évident que les organisations devront trouver le juste équilibre afin de bénéficier à l'endroit opportun d'un rapport coût/avantage leur permettant de tirer une réelle valeur commerciale sans gaspiller d’argent.
Prévision 1 : l’IA est productisée pour des applications intelligentes, mais il faut lui fournir les bonnes données
En 2024, I’IA et les données vont être « productisées » dans des applications intelligentes pour délivrer une réelle valeur commerciale et des informations intelligentes. Dans ses tendances stratégiques pour l'informatique en 2024, Gartner définit les applications intelligentes comme des applications consommateurs ou commerciales qui sont enrichies par l’IA et les diverses données connectées provenant de transactions et sources externes.
Mais dans un monde où l’IA est omniprésente, les données constituent un atout crucial pour alimenter les modèles et les applications de l’IA. On assiste à l'heure actuelle à une véritable appropriation des données.
Deux défis barrent la route à la grande appropriation des données : quand on parle de silos, ça veut dire les silos de données !
Les fournisseurs de technologie et les prestataires de service l’ont reconnu et accélèrent les investissements dans des capitaux données supplémentaires afin d’améliorer leur position concurrentielle. Ceci est indispensable car, comme l’a constaté IDC, seules 12 % des entreprises connectent les données clients entre leurs différents services, et 42 % ne tirent pas parti de leurs données.
… et il est indispensable d’adopter un contrôle unifié
Pour que l’IA et les données puissent collaborer fructueusement, il faut une entreprise connectée et un contrôle unifié. Dans les années à venir, les équipes informatiques vont devoir commencer à naviguer vers la maturation des plateformes de contrôle au fur et à mesure que celles-ci évoluent pour passer de simples échanges avec quelques systèmes de base à la consolidation en une plateforme unique chargée d'orchestrer les opérations à travers l’ensemble de l’infrastructure, des données, des services IA et des applications et procédés métier.
Tout cela exige la mise en mouvement des données, afin d’acheminer les bonnes données vers les bons services, et cela n’importe où dans le monde !
Prévision 2 : le maillage d’événements est clé : le mouvement des données et l’IA sont les véritables moteurs des applications intelligentes
En 2024, les organisations doivent évoluer pour passer d’une simple « génération » de données à une « accélération » des données et des décisions. La solution : un maillage d’événements, c’est-à-dire un réseau de brokers d’événements interconnectés qui facilite la distribution des données d'événements entre les applications. Le maillage d’événements permet de superposer les inférences de l’IA les unes sur les autres, ajoutant progressivement de l’intelligence.
Quelques explications : prenons comme exemple, une application pratique qui fusionne l’IA avec un maillage d’événements afin de réagir à la nature analogique du monde pour traiter et répondre à diverses entrées de type audio, vidéo et texte humain.
Imaginons maintenant une application dédiée aux responsables des incidents qui surveille les installations de l’entreprise. La présence d'agents de service dans le bâtiment, ainsi que de caméras de sécurité, permet de réagir correctement aux événements qui se déroulent dans les locaux. Mais d’autres personnes et employés pourront aussi envoyer par message ou via Slack des informations critiques au responsable des opérations dans le bâtiment.
Les agents IA, chacun tenant un rôle spécifique, peuvent s’abonner aux événements provenant de ces entrées pour les transformer en événements plus facilement consommables. Au sein de ce maillage, ces entrées seront extraites et transmises au modèle approprié en se basant sur une description hiérarchique par événement de l’événement en question. Supposons que l’agent de sécurité ait envoyé un message indiquant un problème dans l'espace d'accueil. Ce message n’a aucun intérêt pour l’application du responsable des incidents. Par contre, si vous le faites passer par le modèle de synthèse vocale en y ajoutant le texte que l’agent de sécurité a réellement utilisé, il sera acheminé vers le responsable des incidents qui disposera alors d’une description textuelle de ce que l’agent de sécurité a dit.
En faisant appel au LLM (grand modèle de langage, en anglais Large Language Model) de l’IA, il pourra décider de la mesure appropriée à prendre selon le problème en question. Certaines de ces mesures devront être énoncées verbalement. Dans ce cas, elles pourront être dirigées vers le modèle de synthèse vocale pour être ensuite diffusées sur le walkie-talkie de l’agent de sécurité. Il est évident que ces informations seront augmentées et transmises par le biais du responsable des incidents, le tout piloté par l’IA. Elles pourraient ensuite être publiées dans le maillage d’événements afin de déclencher automatiquement les étapes suivantes, à savoir activer et désactiver les alarmes ou alerter les services d’urgence qui s’occuperont des incidents survenus.
Ce qui est important ici, c’est qu’un maillage d’événements, associé à l’IA, traduit une série d’événements analogiques en un flux rationalisé d’informations, permettant d’obtenir des renseignements extrêmement rapidement. Comme le démontre notre exemple, la valeur commerciale pourrait être considérable.
Prévision 3 : 2024 va voir la montée en puissance de l’ingénieur plateforme, chargé de mettre en œuvre la valeur commerciale des applications
Mais ces applications n’auront qu’une valeur hypothétique s'il est impossible, en premier lieu, de les concevoir et de les développer. C’est pourquoi le fait que Gartner s'intéresse à des thèmes comme l’arrivée à maturité de l'ingénierie de plateforme en 2024 est particulièrement prometteur. L’ingénierie de plateforme correspond à une tendance émergente visant à moderniser la mise en œuvre de logiciels dans l’entreprise, particulièrement pour la transformation numérique. C’est une approche qui peut accélérer la mise en œuvre des applications et le rythme auquel elles génèrent une valeur commerciale.
Elle améliore l’expérience et la productivité des développeurs en leur donnant des capacités de libre-service grâce à des opérations d’infrastructure automatisées. Cela implique de la discipline dans la création et l’exploitation des plateformes internes de libre-service. Chaque plateforme constitue une couche créée et maintenue par une équipe produit dédiée, conçue pour répondre aux besoins de ses utilisateurs en s’interfaçant avec des outils et des procédés. L’ingénierie de plateforme a pour but d’optimiser l’expérience des développeurs et d’accélérer l'apport de valeur ajoutée offerte par l’équipe produit.
Gartner anticipe que d’ici à 2026, 80 % des organisations spécialisées dans l’ingénierie logicielle vont établir des équipes plateformes et que 75 % d’entre elles vont inclure des portails de libre-service pour les développeurs.
Prévision 4 : les technologies de l’IA vont jouer un rôle essentiel pour raccourcir encore les cycles de développement des logiciels
En 2024 va naître une multitude d’opportunités pour utiliser l’IA dans le développement des applications. La question de savoir dans quelle mesure est sujet à débat. Forrester anticipe, par exemple, que les robots d’IA générative, ou TuringBots comme ils les appellent, vont jouer un rôle important cette année dans le raccourcissement de 15 à 20 % des cycles de vie du développement des logiciels.
À mon avis, l’heure n’est pas encore arrivée où les équipes de développement intègreront totalement les robots IA dans le cycle de vie de leur développement logiciel. Mais l’intention est là. Il ne fait aucun doute que les technologies de l’IA telles que l’IA générative et l’apprentissage machine (ML) vont aider les ingénieurs logiciels à créer, tester et mettre en œuvre des applications, en jouant un rôle d’assistant pour contribuer à accélérer les étapes du développement.
Je pense qu’en 2024, les organisations de développement vont passer plus de temps à examiner les cycles de vie du développement logiciel à travers le prisme de l’IA, en cherchant à mieux évaluer les points où les processus actuels présentent suffisamment de flexibilité pour intégrer l’IA de manière à apporter une valeur réelle. Par exemple, les outils de développement augmentés par l’IA seront intégrés dans l'environnement de développement de l’ingénieur pour produire un code, traduire les codes existants en langages modernes, permettre la transformation du design en code et enrichir les capacités de test des applications.
Prévision 5 : la mise au bûcher des silos en 2024 – Bienvenue dans l’entreprise intégrée du futur
Mais au milieu de la ruée vers les opérations en temps réel pilotées par l’IA, les grandes organisations disparates seront toujours limitées dans leur capacité à atteindre une valeur commerciale optimale en raison de leur dépendance à l’égard d’un amalgame complexe de systèmes anciens et/ou cloisonnés. N’oublions pas les statistiques IDC qui indiquent que seules 12 % des organisations connectent actuellement les données consommateurs entre leurs différents services ! L’étude menée par Constellation le confirme en précisant que « rares sont les entreprises qui relèguent leurs jeux de données ».
C’est la raison pour laquelle je suis convaincu que la ruée vers les données de l’IA va créer une urgence accrue à l’échelle de l’industrie pour une intégration orientée événements. Il s'agit de combiner les attributs de transformation des données et de connectivité d'un iPaaS avec la chorégraphie dynamique en temps réel d'un broker et d’un maillage d’événements. Ce n’est qu’avec ce modèle d’architecture d’entreprise que les systèmes, anciens et nouveaux, pourront fonctionner ensemble pour offrir des expériences numériques transparentes et en temps réel, reliant des événements entre différents services, lieux géographiques, systèmes sur site, périphériques IoT dans un environnement cloud voire multicloud.
Ne cherchez plus, une bière fraîche est à portée de la main
Prenons comme exemple une organisation de l’envergure du groupe brassicole international HEINEKEN qui exécute des milliers d’applications critiques dans 190 pays. Pour réaliser son objectif, à savoir « devenir le brasseur le mieux connecté au monde », la société a introduit sa stratégie commerciale EverGreen, étayée par un passage à l'intégration orientée événements. Par le passé, HEINEKEN voyait des centaines voire des milliers de scénarios point-à-point , alors qu'aujourd’hui ces scénarios sont exploités avec des modèles d’intégration de type « one-to-many », où il suffit qu’une application produise un événement unique (comme par exemple, la commande d’une bière) pour que toutes les autres applications du système (production, expédition, exécution, inventaire, paiements, lac de données dans le cloud, etc.) puissent simplement s’abonner à ce qu’elles souhaitent recevoir, et l’obtenir dès qu’il est publié. En mettant en place des interactions numériques transparentes à travers l’ensemble de la chaîne de valeur, HEINEKEN s’est désormais positionné pour prendre des décisions plus intelligentes, plus informées et en temps réel : il s'agit donc d'une organisation véritablement au diapason de ses données.
En 2024, IA et valeur commerciale iront de pair pour multiplier les opérations en temps réel
En 2024, il faut que les entreprises trouvent le bon équilibre entre le battage médiatique qui entoure l’IA et les avantages commerciaux qu'elle procure.
Nous allons certainement constater que l'IA va s’introduire dans de nouveaux produits et de nouvelles solutions en front-end, mais ces applications devront faire preuve de fluidité dans les données pour être à la hauteur des attentes. En back-end, il se peut que l’IA ait potentiellement un impact sur les procédés de développement logiciel, mais il reste beaucoup à faire avant que l’IA assure intégralement la conception des applications. En fin de compte, qu’elles soient prêtes pour l’IA ou non, de plus en plus d'organisations vont chercher à faire évoluer leurs stratégies d'API et d’intégration pour devenir davantage orientées événements et soutenir leur parcours vers des opérations véritablement en temps réel et à grande échelle. La clé est de transmettre les bonnes informations aux bonnes personnes, au bon endroit et au bon moment.
