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La France se lance dans le gouvernement ouvert… ou pas.


Rédigé par le 14 Juillet 2013

En ce jour de fête nationale, lisant le communiqué d’annonce de la conférence de Paris sur le gouvernement ouvert, le 29 octobre prochain, mon esprit s’est soudain rempli de joie. En découvrant les thèmes annoncés je me suis dit, enfin, nous sommes sur la bonne voie.



Molière, de son vrai nom, Jean-Baptiste Poquelin
Molière, de son vrai nom, Jean-Baptiste Poquelin
save_the_date_ok.pdf SAVE THE DATE-ok.pdf  (523.96 Ko)
Voici ce qui est annoncé :
- Open Government et Open Data (où la même chose en français, mais c’est sans doute moins bien),
- Du Big Data au Smart Disclosure : donc toutes les données collectées vont être partagées de manière intelligente… et la France va se mettre à grande échelle aux données volumineuses,
- Diplomatie digitale et puissance de la multitude (là, je n’ai pas compris… mais je n’ai pas fait l’ENA ni Sciences Po)
- Quantified Self et Smart Cities : je ne vois pas le rapport, mais je me dis que l’on va équiper tous les fonctionnaires d’un fitbit et mesurer ainsi leur action dans la ville devenue intelligente… La mesure de la performance de chaque acteur public, ça me fait réver,
- Data journalisme (avec un « e » à la fin, ce qui est étonnant, ça fait moins « in » que Data Journalism) et Data Visualisation (un petit coup de globish)
-
Le communiqué précise que « La Conférence de Paris pour le Gouvernement Ouvert vise à mettre en perspective les nouvelles pratiques de gouvernance des organisations liées à l’essor des nouvelles technologies, de l’innovation radicale et du développement du numérique »… moi pas intelligent, moi pas comprendre la pensée globalisante, mais je me dis que si on met en perspective, c’est une bonne manière d’éviter d’avoir à agir.
D’ailleurs ami lecteur, je vais sans doute arrêter d’écrire des articles pour toi, c’est vraiment « has been » ! Je vais plutôt mettre en perspective des nouvelles pratiques… je me sens tout de suite beaucoup plus cher !

Mais vous l’aurez compris, cette excitation n’a été que de courte de durée. Car au-delà des « buzzwords » (j’aurais pu dire « mots à la mode » mais les organisateurs préférent jargonner en anglais plutôt que de parler la langue de leur pays), les véritables thèmes que devrait traiter une conférence sur le gouvernement ouvert (l’open government, quoi) sont totalement absents. Voici ce que je m’attendrais à trouver comme sujets de réflexion et de débat :
- la transparence des décisions gouvernementales,
- le contrôle des citoyens sur les actions et les dépenses des gouvernants élus,
- la mise en place d’indicateurs de performance et de tableaux de bord accessibles à tous les citoyens,
- la liberté d’expression et de critique des actions du gouvernement,
- la mesure de la performance de chaque fonctionnaire et de chaque action,
- une loi sur l’accès à l’information permettant à chaque citoyen d’accéder à tout, en toute transparence,
- la mise à disposition de toute donnée non confidentielle (à réserver aux sujets militaires et de sécurité publique) par principe, sous forme de données ouvertes,
- la qualité des données ouvertes (trop souvent, le prétexte des données ouvertes conduit à la libération de données non vérifiées),
- la dématérialisation de l’ensemble des procédures, documents, formulaires, dont l’administration se gave, et donc la mise à disposition de ces données numériques,
- … et bien d’autres encore

Histoire de fouiller un peu, je découvre que cette conférence est organisée par PPP Agency, une société bien française comme son nom ne l’indique pas, créée par une vieille connaissance, Serge Pilicer. PPP Agency se présente comme « le principal concepteur et organisateur de colloques, conférences et salons dédiés aux technologies numériques dans une perspective de "partenariat public-privé" en France. Elle s'emploie depuis 2005 à rapprocher les entreprises digitales des grands donneurs d'ordre publics ; gouvernement, collectivités territoriales, associations d'élus, investisseurs institutionnels... afin de contribuer au plein déploiement de la révolution numérique, en Europe, en France et dans les territoires. ».

Je permets donc, Serge, puisque nous nous sommes déjà croisés, de t’adresser cet « open message » : Il me semble qu’un événement sous le haut patronage du Premier Ministre, devrait au minimum s’astreindre à un usage parfait de notre langue, celle qui participe aussi à l’unité de notre pays. Si tu as besoin d’aide pour traduire des termes compliqués tels que Smart Cities, Open Data, Open Government, Data Visualisation, Big Data, Smart Disclosure, Quantified Self… je pense que nous pourrons te donner un coup de main, gratuitement bien sur étant donné l’état des finances de la France.
Mais au moins ton communiqué (à télécharger ci-dessus) est cohérent avec lui-même. S’adressant à des journalistes français, il leur demande en anglais de « sauver la date » (Save the Date) ! Pas moins de 12 expressions en anglais (ou presque) dans un communiqué de quelques lignes, soutenu par le gouvernement français… il fallait le faire !

Je crois surtout qu’au-delà du ridicule de cet empilement d’anglicismes, cette conférence évitera soigneusement d’aborder les véritables sujets liés à la gouvernance, ceux qui ne dépendent pas des nouvelles technologies, mais de la volonté des gouvernants d’améliorer leurs méthodes de travail (j’ai failli écrire « process ») !

Allez, sans rancune, on se fait un conf call d’ici le 29 octobre pour préparer le meeting et l’annonce des keynote speakers ?




Commentaires

1.Posté par chabannes le 17/07/2013 10:24
Comment ne pas abonder dans votre sens ? Le réel a quitté depuis belle lurette les cabinets des gens intelligents. Le nouveau monde d'illusion ne se décrit qu'à coup d'anglicisme et de concepts fourre-tout interdisant tout retour à ce monde fatiguant et trop vrai pour être vécu.
Il ne nous reste qu'à espérer que les charlatans perdent de leur aura et que, pour un temps, deux ou trois décennies tout au plus, l'on parle avec des mots que l'on comprend, de choses que l'on vit, pour agir sur le réel.

Merci de votre article

Patrick Chabannes

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