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Le Camembert (de son vrai nom Graphique en secteurs) est le graphe le plus utilisé, mais aussi le plus décrié. L'article porte sur les atouts et les inconvénients du plus célèbre des graphes.


Le « Camembert » : Par-delà la polémique, quand peut-on utiliser ce graphique ?
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Dans le domaine de la « data visualization », jamais les articles sur le Web ne sont jamais aussi unanimes que pour décrier le graphique en secteurs.

Ce graphe est communément appelé « Camembert » en France ou « Tarte » pour traduire « Pie chart » chez les anglo-saxons… démontrant ainsi l’ethno-centrisme culinaire de chacun.

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Pourquoi ce « Camembert » ne serait-il pas en odeur de sainteté ?

Le graphique en secteurs présente effectivement certains défauts :

1-Les segments doivent s’empiler sur les 360 degrés du cercle, utilisant ainsi un des critères visuels que l’œil gère le moins bien : l’angle.
  • Y mettre plus de 6 secteurs (tranches) rend inutilisable un camembert.
    Nb : à moins de 30 degrés (8%), un angle est souvent mal estimé par l’œil humain(*).
  • Il est quasiment impossible de comparer deux tranches entre elles, surtout si elles sont petites.
    (Personne ne peut voir qu’une tranche de 12% est une fois et demi plus grande qu’une de 8%)
  • Un graphique en secteurs n’est reliable à rien d’autre qu’à lui-même :
    Confronter 2 camemberts ne permet pas d’analyser l’évolution d’une même tranche.
Le « Camembert » : Par-delà la polémique, quand peut-on utiliser ce graphique ?

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2 - Pour le rendre moins ennuyeux, les éditeurs proposent des gadgets qui non seulement n’apportent pas de valeur, mais obscurcissent la compréhension :
  • Des dégradés de couleurs qui brouillent la vue
  • Une présentation en 3D donne un poids visuel moindre aux secteurs situés au second plan (à cause de la perspective).
Le « Camembert » : Par-delà la polémique, quand peut-on utiliser ce graphique ?

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Il apparait donc évident que tous les spécialistes de la « Data visualization » bannissent le graphique en secteurs. Cependant force est de constater que c’est bien le graphique le plus utilisé, surtout pour s’adresser à des non-spécialistes (ex. : grand public, assemblée générale…).

Alors pourquoi le graphique en secteur est si populaire ?
Sans vouloir placer ici des raisonnements intellectuels (**), il est évident que le graphique en secteurs rassure le lecteur en offrant une impression de maitrise complète du sujet, agréablement symbolisée par la rotondité de l’objet. Rien ne semble y avoir été oublié puisque la sphère est pleine et entière, laissant à penser que tout est sous contrôle. En fait le « Camembert » est le seul graphique présentant une forme globale à la bordure claire et sécurisante ; ce qui en fait l’une des représentations quantitatives favorites des communicants et des politiques.
Le « Camembert » : Par-delà la polémique, quand peut-on utiliser ce graphique ?

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Quand doit-on l’utiliser ?

Sauf à vouloir exploiter le sentiment de maitrise du sujet plus qu’à transmettre des données précises, le camembert est quasiment toujours à proscrire. Dans la mesure où il sert à présenter une décomposition sans donner de détails, le seul cas où son utilisation est pertinente est quand il n’y a que 2 secteurs (ex. : Hommes / Femmes).

Quelles sont les alternatives ?

Pour présenter une décomposition en base 100 (donc des pourcentages), le graphe en colonnes empilées en base 100 est plus facile à lire et à comparer. Pour facilité encore plus l’analyse d’évolution, on peut relier les tranches entre elles.
Le « Camembert » : Par-delà la polémique, quand peut-on utiliser ce graphique ?

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* : « On the judgement of angles and positions of lines » de Joseph Jastrow, dans la revue « American Journal of Psychology ».

** : En psychologie, la “préférence de la Savanne”, théorie développée par John D. Balling cherche à démontrer l’attirance des humains pour les environnements maitrisés, car sans risques cachés. En cosmogonie, dans le Banquet, Platon fait référence à l’homme originel conçu comme sphérique, car étant perfection et totalité.

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Rédigé par Claude-Henri Mélédo le Dimanche 31 Janvier 2010 à 19:55 | 6 commentaires | Permalien

Commentaires

1.Posté par agneray le 22/07/2010 13:54
bonjour,

Pour ma part, je prefere le convertir en barchart avec un classement decroissant des valeurs de l'indicateur.

Pay

2.Posté par Julien Blanchard le 08/06/2011 17:38
Bonjour,
Pour redorer un peu le blason des diagrammes en secteurs : l'attribut graphique utilisé par les diagrammes en secteurs pour représenter des quantités est avant tout la surface (la relation entre l'angle et la surface est de toute façon linéaire). Or, la surface est parfois décrite comme l'attribut graphique perceptivement dominant, après la position (cf Bertin par exemple). Par contre, pour calculer des rapports entre quantités, la comparaison de surfaces entre elles ne paraît pas faire l'unanimité en effet. Même si j'ai l'impression que les "cartographes" acceptent plus facilement cette solution, comme en témoignent les cartogrammes (cartes déformées).

3.Posté par Claude-Henri Mélédo le 19/06/2011 22:44
Julien,

Désolé de devoir préciser certains des concepts que vous utilisez :

Le "camembert" n'est pas un graphe en surface, mais sur rail (circulaire). La surface colorée n'existant que pour souligner la position des deux points de chaque secteur glissant sur l'axe circulaire. Il en est de même pour l'aiguille du compte-tour qui ne fait que renforcer la position de la pointe de la flèche apparaissant sur le demi-cercle du cadran.

Il existe un graphe en secteurs qui lui est réellement en surface : la rose de Florence Nightingale (même si elle-même l'avait appelé le "chou-fleur" / coxcomb)... puisqu'initialement cette statisticienne avait fait l'erreur de ne considérer que le rayon pour présenter ses valeurs (sachant que chaque secteur était d'un angle indentique, car représentant un des 12 mois de l'année). Ensuite elle a pris en considération la surface (donc avec des aires moins exagérées)... prenant en compte ce que vous dites : l'Homme jauge d'abord la surface (avant la hauteur ou la largeur).

Autre précision : Le "camembert" n'est pas un diagramme (dont la définition de l'Encyclopédie Britannica indique explicitement que ce graphique comporte des liens entre objets généralement présentés par des traits - ex.: organigramme - ou des flèches - ex.: ordinogramme ou logigramme). Le seul diagramme utilisant des cercles est à ma connaissance le "diagramme de Venn" utilisé pour présenter des unions et des intersections.

Concernant les cartogrammes, j'ai écrit une série d'informations sur le sujet (en Anglais) assez atypiques, puisque je prétends que 99% d'entre eux sont faux car se basant sur une carte connue de tous (souvent Mercator) et non pas sur une carte utilisant la projection authalique (qui devrait être la base logique d'un cartogramme). L'effet de transformation est d'autant plus spectaculaire qu'il est faux car se basant pour les contrées loin de l'équateur sur une taille initialement exagérée (= problème de la projection Mercator).
http://www.begraphic.com/forum/viewtopic.php?f=11&t=138

Pour plus de détails et continuer de dialoguer ensemble, venez à ma formation du 8 juillet où je présente les nouveaux graphiques innovants et rappelle les 5 familles de graphiques (dont les deux graphes que gère Excel que sont les graphes sur rail - 83% d'entre eux - et en surface - ex.: nuage de points) :
"Communiquer et analyser visuellement vos données"
http://www.amiando.com/vdf2011.html?page=535625

4.Posté par Claude-Henri Mélédo le 19/06/2011 23:01
Julien,

Désolé de devoir préciser certains des concepts que vous utilisez :

Le "camembert" n'est pas un graphe en surface, mais sur rail (circulaire). Il existe un graphe en secteurs qui lui est en surface : la rose de Florence Nightingale (même si elle-même l'avait appelé le "chou-fleur" / coxcomb)... puisqu'initialement elle avait fait l'erreur de ne considérer que le rayon pour présenter ses valeurs. Ensuite elle a pris en considération la surface (donc avec des surfaces moins exagérées)... prenant en compte ce que vous dites : l'Homme jauge d'abord la surface (avant la hauteur ou la largeur).

Autre précision : Le "camembert" n'est pas un diagramme (dont la définition de l'Encyclopédie Britannica indique explicitement que ce graphique comporte des liens entre objets généralement présentés par des traits - ex.: organigramme - ou des flèches - ex.: ordinogramme ou logigramme). Le seul diagramme utilisant des cercles est à ma connaissance le "diagramme de Venn" utilisé pour présenter des unions et des intersections.

Concernant les cartogrammes, j'ai écrit une série d'informations sur le sujet (en Anglais) assez atypiques, puisque je prétends que 99% d'entre eux sont faux car se basant sur une carte connue de tous (souvent Mercator) et non pas sur une carte utilisant la projection authalique (qui devrait être la base logique d'un cartogramme)
http://www.begraphic.com/forum/viewtopic.php?f=11&t=138

Pour plus de détails et continuer de dialoguer ensemble, venez à ma formation du 8 juillet où je présente les nouveaux graphiques innovants et rappelle les 5 familles de graphiques (dont les deux graphes que gère Excel que sont les graphes sur rail - 83% d'entre eux - et en surface - ex.: nuage de points) :
"Communiquer et analyser visuellement vos données"
http://www.amiando.com/vdf2011.html?page=535625

5.Posté par Julien Blanchard le 20/06/2011 12:55
La catégorisation "sur rail" du graphique caractérise davantage sa construction que son interprétation. Elle met l'accent sur l'arc de cercle, plutôt que sur l'angle ou la surface. Pourtant les trois sont parfaitement corrélés, et linéairement. Pour ma part, c'est bien la surface qui me paraît l'attribut le plus utile dans l'interprétation de ces graphiques. Mais il est plus facile de caractériser la construction d'un graphique que sa lecture, plus subjective.

Vous avez raison, ce n'est pas un diagramme mais un graphique. Dans tous les cas, merci pour le blog, que je prends toujours plaisir à lire.

6.Posté par Nassim Hartani le 02/05/2012 14:47
Julien,

Caractériser la construction d'un graphique est certes plus facile mais apporte moins d'intérêt que de caractériser sa lecture, il y'a néanmoins des chercheurs qui se sont prêtés au jeu, je recommande nottament l'étude suivante qui a le mérite d'être très illustrée :

http://www.perceptualedge.com/articles/08-21-07.pdf

Claude-henry, je partage tout à fait votre avis à propos du graph à secteur, au-delà de 2 secteurs, son interprétation se complique grandement. Cependant, je suis plus d'avis de le remplacer par la proposition de agneray, un graphique à bar ordonné que par un graph à colonne empilés car si il y'a plus de 2 modalités on retourne au problème de départ.

Je présente dans cet article, les différentes relations entre les données quantitatives (car l'intérêt d'utiliser un graph est bien la, visualiser des relations entre les nombres) :

http://bi-paradigms.blogspot.fr/2012/04/faites-parler-vos-donnees.html

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Claude-Henri Mélédo
Claude-Henri Mélédo
Travaillant depuis 20 ans sur la mise en place de solutions de mesure de performance, Claude-Henri Mélédo est un des fondateurs de Aldecis où il a conçu un logiciel de graphiques avancés pour PowerPoint et Excel. Il est membre de l’« International Institute for Information Design » au sein duquel il a été nommé en 2011 principal expert des graphiques financiers.

Aldecis est un cabinet d’experts en tableaux de bord et en systèmes de pilotage d’organisations, spécialiste des bases multidimensionnelles « in-memory » (innovant par le temps réel) et de la « data visualization » (représentations graphiques évoluées).

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