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Bienvenue dans l’ère des plateformes !


Rédigé par Julien Escribe, ISG le 16 Août 2018

Des plateformes partagées, de dimensions de plus en plus massives, explosent au sein des entreprises et changent fondamentalement l’industrie du sourcing. En découpant l’histoire du sourcing en périodes, comme les historiens le font, nous voyons bien que nous entrons dans une nouvelle ère : celle des plateformes.



Julien Escribe, Partner, spécialiste du cloud chez ISG
Julien Escribe, Partner, spécialiste du cloud chez ISG
Le découpage de l’histoire en périodes est un concept qui permet de contextualiser et de donner du sens aux évènements. Bien qu’il porte généralement sur des intervalles de plusieurs dizaines voire centaines d’années, ce découpage a également un sens pour des durées plus courtes. Cela s’applique à l’histoire, avec l’évolution de l’outillage (âge de pierre, de bronze, etc.) ou de la technologie (révolution agraire puis industrielle, etc.). Essayons aujourd’hui de l’appliquer à notre domaine : l’industrie du sourcing.

L’industrie mondiale du sourcing représente aujourd’hui plusieurs dizaines de milliard d’euros par an. Elle s’est construite à travers trois époques principales :

- L’ère du sourcing stratégique – de 1980 à 2000 : les achats se focalisaient sur de grosses transactions, avec plusieurs « Towers », comme le datacenter, les applications ou les postes de travail, que l’on achetait généralement auprès d’un fournisseur unique, avec un contrat unique.
- L’ère du multisourcing – de 2000 à 2010 : les achats se concentraient toujours sur des grandes Towers, mais on les achetait alors auprès de différents fournisseurs, avec des contrats différents.
- L’ère de la confédération – de 2010 à aujourd’hui : les achats se concentrent toujours sur ces Towers, achetées à des fournisseurs différents. Cependant, la valeur contractuelle de chaque Tower est nettement inférieure à celle qu’elle était précédemment, et les durées contractuelles sont beaucoup plus courtes.

Aujourd’hui nous sommes très clairement à l’orée d’une quatrième ère : celle des Plateformes. Les périodes précédentes faisaient la part belle à des services fournis par des assemblages de composants (pensez horizontal). Cette nouvelle ère s’intéresse à des services automatisés et empilés, formant des plateformes (pensez vertical) partagées.

Voici les cinq facteurs qui matérialisent ce changement d’époque :

Les plateformes d’infrastructure à très grande échelle ont enregistré des résultats commerciaux formidables. Début février, Amazon Web Services a annoncé 5,1 milliards de revenus sur le 4ème trimestre 2017, avec un revenu net en hausse de 31% par rapport à l’année précédente. Le cloud de Microsoft (Azure) de son côté a démontré une croissance de 98% de son chiffre d’affaires sur la même période. Azure a définitivement trouvé son public et a même devancé le champion historique en termes de chiffre d’affaire au 1er trimestre 2018.

Les plateformes SaaS explosent… et ont encore devant elles une formidable marge d’évolution. Il fallait deux fois plus de temps aux sociétés fondées entre 1998 et 2005 pour atteindre un chiffre d’affaires de 50 millions de dollars qu’il ne l’a fallu pour leurs homologues créées entre 2008 et 2014, pour celles dont l’activité repose essentiellement sur le Software as a Service (SaaS). A cette époque, les fournisseurs de logiciels traditionnels représentaient 83% de la capitalisation boursière des entreprises du logiciel. Cette situation a créé des perspectives de développement formidables pour les fournisseurs de plateformes SaaS, qui voulaient attaquer ce marché prometteur.

Les fournisseurs de services proposent désormais à leurs clients des plateformes privées hébergées, qu’il s’agisse d’Infrastructure as a Service (IaaS) ou de Platform as a Service (PaaS). En matière de sourcing, cela signifie pour les clients que leurs actifs informatiques sont hébergés au sein d’environnements massivement mutualisés.

Les Pure Players du monde de l’internet pratiquent ce modèle économique reposant sur la location depuis des années. On doit réaliser que ce sont aujourd’hui les fournisseurs de services traditionnels – ceux qui gagnent leur vie grâce au développement d’environnements sur mesure pour leurs clients - basculent également vers un modèle basé sur des plateformes standardisées. Ce n’est pas un changement technologique isolé, réservé à quelques fournisseurs, mais une révolution culturelle et de modèle économique qui s’applique à toute l’industrie des services IT.

Ceux qui innovent dans le numérique (les Digital Disruptors) utilisent des plateformes très verticales pour accélérer leur croissance de manière exponentielle. Ces fournisseurs investissement fortement en Recherche et Développement pour concevoir des plateformes réutilisables, pour réduire les délais de commercialisation des prototypes qu’ils réalisent pour leurs clients. Le degré de standardisation de ces plateformes est généralement supérieur à 80%, et les acheteurs continuent de miser sur ces solutions, comme pour toute sélection de logiciels d’entreprise… même s’il faut toujours customiser 20% de la solution finale. Cette stratégie d’achat se développe et ces Digital Disruptors affichent un taux de croissance phénoménal.

La base de données ISG du marché du sourcing abonde d’exemples de contrats concernant des « plateformes ». Les contrats de petite valeur deviennent la norme et remplacent peu à peu les gros contrats monolithiques à mesure que les entreprises vont donner priorité à la sécurité, à la transformation numérique et au cloud. Désormais les plateformes qui permettent à plusieurs participants (producteurs et consommateurs) de s’y connecter, d’interagir et de créer et échanger de la valeur font partie intégrante de la plupart des projets numériques. Ce concept de composants modulaires change fondamentalement l’industrie du sourcing.

Certains puristes de l’industrie considèrent que le sourcing s’est radicalement transformé. Pourtant, les clients achètent toujours du matériel, des logiciels et des services… mais ce matériel et ces logiciels sont partagés par des milliers voire des millions de clients. En même temps, les services, au lieu d’être délivrés par des humains, sont fournis de plus en plus par des solutions logicielles. Les plateformes sont souvent des accélérateurs pour les Digital Disrupters, qui privilégient de nouveaux modèles économiques au sein du middle et du front-office, et non du back-office. Le sourcing traditionnel s’opère toujours dans le back-office, avec une approche d’achat de commodités, où la massification permet d’obtenir des réductions de coûts intéressantes.

L’adoption de technologies au niveau du middle et du front-office est réalisée différemment que sur le back-office. Au niveau des métiers, le sourcing des technologies s’effectue en effet de manière moins traditionnelle : un nouveau projet commence le plus souvent par une relation, une discussion, pour évoluer rapidement en un prototype et se matérialiser rapidement en un outil opérationnel. Il s’agit en quelque sorte de Shadow IT dopé aux stéroïdes ...

La plupart des entreprises sont déjà bien avancées dans l’ère des plateformes, mais elles ne s’en rendent pas compte parce que leurs achats de ces nouvelles solutions sont encore mal structurés. Pensez au nombre d’applications traditionnelles qui ont déjà migré vers des plateformes SaaS dans votre entreprise…

Pour les fournisseurs traditionnels qui manquent de visibilité sur les applications de leurs clients, c’est l’annonce d’une mort à petit feu. Le datacenter est déconstruit, application par application, ressource par ressource. N’oubliez pas que chacune de ces plateformes embarque avec elle une petite part du marché d’externalisation des infrastructures et des applications, chaque fois qu’un client migre vers une plateforme mutualisée automatisée. La plupart des fournisseurs traditionnels le reconnaissent : l’enjeu est d’adopter la bonne stratégie pour survivre dans cette nouvelle jungle. Il s’agit d’un marché très fragmenté et la seule façon de reprendre le contrôle sur les ressources perdues est de faire l’acquisition d’une plateforme ou de souscrire à une plateforme externalisée que l’on revend ensuite.

Nous sommes donc dans l’ère des Plateformes et nous allons continuer à assister à ses évolutions. Très rapidement. L’approvisionnement en technologies et leur gestion tels qu’on les a connus jusque-là vont désormais coexister avec des méthodes d’approvisionnement plus flexibles et une gestion plus automatisée de ressources. L’achat et la maintenance de matériel informatiques laissent place à la location de puissance informatique et d’espaces de stockage destinés à répondre à des besoins applicatifs nouveaux, bien mieux alignés sur le cœur de métier de l’entreprise et sur les besoins de ses clients et utilisateurs.

A propos de l'auteur

Julien Escribe est expert en management des systèmes d’information et il apporte, en tant que Partner, une expérience considérable en matière de technologies de l’information. En tant que Partner, Julien a été en charge de plus de 60 projets dans l’évaluation des services d’information et des télécoms et des projets d’externalisation. Avant de rejoindre ISG, Julien a évolué à des postes managériaux chez Vodafone et SFR, il a notamment occupé le poste de Directeur Commercial des Grands Comptes Internationaux . Auparavant, en tant que Directeur Technique Régional, Julien avait mené des projets de transformations. Avant cela, Julien avait occupé le poste de Senior Manager des IT de la région EMEA chez Symantec et dirigé l’externalisation des opérations IT. Julien a également exercé des fonctions de management au sein de Global One et de Esso. Julien est ingénieur, diplomé de l’Ecole Centrale de Paris. Il est certifié ITIL V3 Foundation et a été certifié PMP par le Project Management Institute.




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