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Passez aux tableaux de bord adaptifs : aujourd’hui vous avez tout faux !


Rédigé par le 14 Janvier 2017

Le plus de graphiques et d’indicateurs possibles, des tableaux de bord surchargés d’informations inutiles; simplement destinés à rassurer des utilisateurs qui ont plus confiance en leur automobile, que dans le système d’information de leur entreprise… les tableaux de bord décisionnels que l’on vous apprend à construire en 2017 sont dépassés. Voici pourquoi, et comment remédier à la situation.



Passez aux tableaux de bord adaptifs : aujourd’hui vous avez tout faux !
Demandez à un gestionnaire ce qu’il souhaite dans son tableau de bord. Il vous répondra très souvent qu’il veut y concentrer un maximum d’indicateurs en un minimum de place, qu’il veut, d’un coup d’oeil, savoir que tout va bien, et ce qui va mal. En un mot, il vous dira qu’il veut être rassuré. Rares sont les gestionnaires qui vous diront qu’un tableau de bord est un outil d’aide à la prise de décision. Et pourtant… les premiers systèmes de “BI” avant qu’ils ne portent ce nom, étaient des SIAD (Systèmes Interactifs d’Aide à la Décision). Pourquoi n’a-t-on pas su les faire évoluer dans le bon sens ?

Oublions un instant les tableaux de bord informatiques, pour revenir à ceux que nous regardons tous les jours ou presque, ceux de nos voitures. La principale caractéristique d’un tableau de bord automobile, est que la plupart des indicateurs sont éteints. Le principe est en effet de vous alerter uniquement lorsqu’un problème survient, afin que vous puissiez prendre une décision.
Imaginez un instant que votre automobile clignote comme un arbre de Noël, et que chaque indicateur vous dise en permanence “tout va bien”, “tout va bien”... Impossible de vous concentrer sur la conduite !
Parlons maintenant du pilote d’avions de chasse. A plus de mille kilomètres/heures, en plein combat, il voit s’afficher dans son casque les informations dont il a besoin. Là encore, imaginez que la visière de son casque soit remplie d’informations inutiles, de tous ces indicateurs qui lui confirment que tout va bien, qui lui disent qu’il n’a pas de décision à prendre. La seule information dont il a besoin à l’instant T, est peut-être la distance et l’angle de tir, vers l’avion ennemi. Que la pression d’huile et le niveau de kérosène soient parfaits, ne lui apportent aucun élément de décision crucial, et perturbent sa concentration. Ces informations essentielles s’affichent directement dans son champ de vision, comme une réalité augmentée, pour lui permettre de consulter les données, sans perdre le focus de son regard… ce qui est important lorsqu’on pilote un avion à mille kilomètres/heure...

Dans le cadre d’une situation critique, ce sont donc uniquement les informations nécessaires à la prise de décision qui doivent être transmises : qu’il s’agisse de la détection d’un missile pour le pilote de chasse, où d’une hausse de la température du moteur pour notre automobile.

Et pourtant, si nous revenons au tableau de bord de notre gestionnaire, c’est finalement un arbre de Noël qu’il nous réclame. Le plus de guirlandes possibles, lumineuses et clignotantes, et toutes concentrées dans une seule page… Comment prendre les bonnes décisions avec tant de bruit autour ? A quoi servent tous ces indicateurs qui vous disent que vous n’avez aucune décision à prendre ?

Deux règles qui devraient guider la construction d’un bon tableau de bord

Première règle : ne devraient être présentées dans un tableau de bord que les informations qui sont utiles à une prise de décision. Tous les indicateurs qui sont au vert, devraient être occultés pour vous permettre de vous focaliser sur ceux qui nécessitent une décision de votre part.
Avez-vous plus confiance dans le tableau de bord de votre automobile qu’en votre système d’information d’entreprise ? Est-il nécessaire de remplir votre écran d’indicateurs au vert, qui vous disent “je ne sers à rien, tout va bien”. Si votre jauge d’essence ne s’allume pas, vous savez que vous en avez suffisamment, et vous lui faites confiance. Pourquoi serait-ce différent avec votre niveau de stock ?
L’idéal serait donc un tableau de bord vierge, qui vous indiquerait que tout va bien, qu’aucune décision n’est à prendre, et que vous pouvez passer à autre chose.
Ou alors un tableau de bord qui s’adapterait à la situation, et vous présenterait le seul indicateur sur lequel une action est nécessaire.

L’objectif n’est donc pas d’avoir un tableau de bord rempli d’indicateurs, mais un tableau de bord qui ne présente que les indicateurs sur lesquels une décision est nécessaire : un tableau de bord qui comprend et s’adapte à son contenu.

Seconde règle : un tableau de bord devrait être évolutif, et s’adapter automatiquement à la situation.
Les informations dont vous avez besoin ne sont pas toujours les mêmes. En début de semaine, pour prévoir les actions à court terme; en fin de mois pour faire le bilan des actions précédentes; en début d’année pour planifier à long terme… et si votre tableau savait comment s’adapter de lui-même à la situation, plutôt que de rester inchangé, ou de vous obliger à développer plusieurs versions différentes...

L’objectif n’est donc pas d’avoir un seul tableau de bord inchangé, ou plusieurs tableaux de bord redondants, mais un tableau de bord adaptatif qui évolue en fonction de la situation, et met en avant, de lui-même, les bons indicateurs, au bon moment.

Passez au tableau de bord adaptif, comme dans l’automobile

Le tableau de bord adaptif (relatif à ce qui participe à l'adaptation d'un organisme à son environnement), est déjà une réalité dans le domaine automobile. Et c’est justement un communiqué de presse de Ford qui m’a donné l’idée de cet article.

Ford nous explique en effet que :

La nouvelle Ford GT passe en mode digital avec son tableau de bord qui s’adapte à la conduite

Ford a doté la nouvelle Ford GT d’un tableau de bord digital ultra-moderne qui préfigure une technologie qui devrait à terme équiper d’autres véhicules de la gamme.

Comme le cockpit des avions et des voitures de course, la nouvelle Ford GT dispose d'un combiné d'instrumentation entièrement numérique qui présente rapidement les informations au conducteur, de manière différente selon les cinq modes de conduite proposés sur le véhicule.
Les ingénieurs de Ford ont, en effet, conçu un ensemble digital de jauges numériques de 10 pouces, élégant et personnalisable. Le tableau de bord affiche les informations aidant le conducteur à prendre efficacement des décisions derrière le volant afin d’exploiter tout le potentiel de la Ford GT.
Ford Performance s’est rapproché de fournisseurs à la pointe de la technologie en matière d’affichage des données. Les concepteurs et les ingénieurs de Ford ont ainsi travaillé en étroite collaboration avec Pektron (pour la conception électronique, le développement, la mise en œuvre et la fabrication) et Conjure (pour le dessin graphique) dans le but de créer des rendus avant-gardistes subtilement animés.
Les cinq modes de conduite sont facilement accessibles par des commandes au volant, afin de garder les yeux sur la route et les mains sur le volant. Chaque mode présente l'information différemment, en priorisant ce qui est crucial pour chaque environnement et en adaptant l'affichage au contexte.
Quand le véhicule est en mode Normal, le tableau de bord affiche les informations essentielles avec beaucoup de clarté. Le compteur de vitesse, la vitesse enclenchée, le niveau de carburant, la température ou encore le tachymètre en forme de crosse de hockey. En mode Pluie, l’écran digital adopte un thème bleu et transmet quelques informations en plus. Les graphiques sous le compteur de vitesse simulent alors la brillance de l'asphalte mouillé pour rappeler au conducteur qu’il est en mode Pluie.

Le mode Sport priorise les informations différemment et met davantage en avant la sélection de la vitesse, avec le compteur de vitesse à droite un peu en retrait. L’écran digital arbore alors un thème orange vitaminé. C’est le mode préféré de la plupart des pilotes de test. Le mode Track présente quant à lui les données sur un fond noir et de manière très lisible, dans un thème rouge vif. La vitesse et le régime du moteur sont mis en évidence, alors que la température du liquide de refroidissement, la pression d'huile, la température de l'huile et le niveau de carburant sont exprimés en pourcentage.

Enfin, le mode V-Max offre un affichage tout à fait différent, spécifiquement adapté à la recherche de la vitesse de pointe maximale. L’écran donne alors à voir un grand compteur de vitesse centré, avec un tachymètre réduit.

“Nous avons passé énormément de temps à mettre tout ça au point”, explique Nick Terzes, ingénieur-superviseur de la Ford GT. “Le résultat est simple, mais rendre les choses parfaitement simples peut-être un vrai défi”.

La Ford GT n'est pas le seul véhicule Ford qui recevra un tableau de bord entièrement numérique. Dans le futur, cette innovation intégrera d’autres véhicules de la gamme. Une nouvelle illustration de la volonté de Ford de s’améliorer par la performance pour finalement améliorer les véhicules du plus grand nombre.


Si tout cela est possible dans le domaine de l’automobile, ne serait-il pas grand temps de changer nos pratiques de gestion, et de nous inspirer d’une industrie plus innovante ?

Cela ne sera pas facile, j’en conviens… Il y a quelques mois, alors que je présentais dans une grande banque canadienne, un outil de visualisation graphique de données, et son module de data storytelling, ainsi que les réalisations de Hans Rosling… la première question de l’assistance a été “est-ce que l’on peut imprimer ?”.... le chemin sera donc long !

Mais croyez-moi, si vous concevez demain des tableaux de bord adaptifs, qui sauront se limiter aux seuls indicateurs sur lesquels une décision doit être prise, vous leur rendrez grandement service, et améliorerez la productivité de leurs utilisateurs.




Commentaires

1.Posté par Sylvain FELIX le 25/01/2017 11:31
Excellent Philippe! Mettre à disposition des tableaux de bord qui permettent de focaliser sur ce qui ne va pas et sur ce qui nécessite des décisions/actions ; que ce soit les déviations par rapport aux objectifs qui ne sont pas sous contrôle (dont aucune action d'amélioration est en cours), les risques, les non-conformités ou encore les problèmes en cours de correction dont l'action d'amélioration ne se déroule pas comme prévu.

Pour ce dernier point, je prends souvent l'exemple des pompiers. S'il y a le feu dans une gare, mais que les pompiers sont sur place et qu'ils maitrisent la situation, ce n'est plus un problème, car il est sous-contrôle. En revanche, si le chef des pompiers sur place signale une évolution non désirée de leur action, alors cela redevient un problème qui nécessite une nouvelle décision/action.

D'où l'importance de pouvoir lier les informations relatives à la santé de l'organisation et les actions en cours. C'est exactement en ligne avec la philosophie de smartcockpit.

2.Posté par De Freine le 31/01/2017 13:58
Excellent article avec une excellente illustration. Le sujet est vieux comme le monde mais fait toujours l'objet - malheureusement - d'un combat quotidien pour défendre cette idée simple : trop d'information nuit à l'information. J'adore. Merci Philippe.

3.Posté par Andrée Laforge le 01/02/2017 01:37
Merci, Philippe, pour cet article. On dirait que cela sécurise les gestionnaires d’avoir une multitude d’indicateurs. Moi, j’appelle cela le buffet chinois — un petit peu de ci et un petit peu de ça, cela devient vite indigeste. Se concentrer sur les indicateurs sur lesquels on peut agir est la clé du succès. Pour ce qui est d’avoir une page blanche quand ça va bien, j’adore ! On verra si c’est possible à implanter ! Merci encore !

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