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Big Data et IA : l’Europe peut-elle faire le poids face à la Chine et aux États-Unis ?


Rédigé par Manon PHILIPPE, Corp le 10 Février 2020

La marche semble encore haute pour rivaliser avec les États-Unis et la Chine !

Pour Kai Fu Lee, chercheur et génie de l’informatique Taiwanais, le verdict est sans appel : les progrès en matière d’intelligence artificielle sont exponentiels. Pourtant l’Europe est en voie de marginalisation dans ce domaine et n’a pas les moyens de son ambition : rivaliser avec les géants chinois et américains.



Photo Big Data Paris
Photo Big Data Paris
La Chine dominera-t-elle le monde (de l’analytics) ?

L’Europe n’est pas la seule à la traîne. Dans la course à l’intelligence artificielle, les États-Unis conservent une (très) faible longueur d’avance. Pour la première fois en 2017, la Chine attire plus d’investissements destinés aux start-ups IA que les États-Unis. En 2017, 48% des capitaux ont été injectés pour la Chine contre 38% pour les États-Unis (1). Dans le domaine du deep learning le nombre de brevets chinois est six fois supérieur à ceux des américains (1).

Les Etats-Unis restent à la pointe mais sont en train de perdre du terrain dans un domaine où ils excellaient autrefois. Il faut dire que depuis 2017, la concurrence s’est intensifiée.

Devenir leader de l’intelligence artificielle est devenu un enjeu crucial et l’un des outils de puissance géopolitique les plus importants du XXIème siècle. En 2017 le président russe Vladimir Poutine déclarait : « Celui qui deviendra le leader dans ce domaine sera le maître du monde ». La Chine a semblé prendre cette déclaration au sérieux tandis que le conseil des affaires de l’état dévoilait en 2017 le budget dédié à l’investissement en IA dans le cadre de son plan de développement : 20 milliards de dollars par an, puis 59 milliards à l’horizon 2025(2) (3). Son ambition : détenir la place du leader incontesté d’ici à 2030.

Peut-on encore combler le retard européen ?

Qu’on le veuille ou non, les champions de l’économie numérique sont américains ou chinois. Or intelligence artificielle et Big Data riment avec accumulation massive de données. Aux États-Unis les GAFA dominent et en plus de collecter un « déluge » de données, ils ont la capacité de s’approprier celles de leurs pays voisins. Très présents en dehors de leurs frontières, ils « imposent une standardisation fondée sur les technologies et logiciels qu’ils fournissent » (3) .

La Chine, en plus de capitaliser sur la densité importante de sa population ne manque pas non plus de mastodontes numériques. Tencent, Alibaba, Baidu font de nombreux adeptes. L’usage intensif du mobile dans les mœurs, une population qui ne cesse de croître sont les atouts majeurs de la Chine en matière de collecte des données. Leurs avancées sur la 5G leur procureront également un avantage indéniable. Les États-Unis soupçonnent d’ailleurs déjà la Chine de manœuvres de récupération de données en voulant déployer la 5G avec le géant Huawei à l’étranger. En mai dernier, le président américain appelait au boycott de ce qui deviendrait selon lui une arme d’espionnage massive et un enjeu de sécurité nationale. En brassant des milliards de données (sensibles ou non) les gestionnaires de réseaux 5G deviendront les maîtres suprêmes de nos données, car au centre du transit de celles-ci. Si l’Europe se veut moins alarmiste, elle doit d’ores et déjà veiller au grain pour permettre la surveillance des réseaux 5G : fin décembre le géant Huawei annonçait un investissement massif de 40 milliards de dollars sur les cinq prochaines années, ainsi que la réalisation d’une étude de faisabilité pour la construction d’une usine destinée de composants destinés aux réseaux 5G (4).

Les moyens et la puissance financière mis en œuvre diffèrent également. Alors que l’intelligence artificielle fait bien partie de la feuille de route française et européenne, les 665 millions d’euros investis sur 5 ans par l’état français restent pauvres par rapport à ceux de ses concurrents (5). A titre de comparaison le gouvernement chinois investit 20 milliards de dollars par an, et en 2018 le budget de recherche Amazon dépassait également les 22 milliards d’euros (6) !

L’Europe, pionnière d’un modèle de Big Data et d’IA éthique ?

Avec des investissements faibles, l’Europe doit s’organiser et préparer son offensive si elle ne veut pas rester sur le bas-côté.

La recherche et la formation restent des forces indéniables du système européen : les universités sont reconnues, le vivier de start-ups innovantes florissant. Une valeur ajoutée face au modèle chinois, en manque de main d’œuvre qualifiée.

Le vieux continent doit avant tout poser de nouvelles bases européennes en matière d’intelligence artificielle et mutualiser ses investissements.

Consciente d’un écart grandissant concernant l’effort de dépense des européens, la Commission européenne a confirmé en 2018 la volonté et l’objectif d’élever à 20 milliards d’euros par an le montant des investissements publics et privés dans l’UE d’ici à 2020(2). Affaire à suivre.

L’Europe est d’ailleurs la première à garantir un cadre juridique en matière de protection de la vie privée. En matière de réglementation le RGPD est un premier pas pour l’établissement de normes européennes. Trop souvent considérée comme un obstacle à la compétitivité, la protection des données personnelles constitue en réalité un atout majeur. Elle crée des conditions de confiance pour la collecte des données tout en permettant à l’Europe de rester à la pointe en matière d’intelligence artificielle. Elle envoie également un message fort : l’Europe est partie prenante d’une IA en accord avec ses valeurs citoyennes et avec son éthique, une IA respectueuse des droits fondamentaux.

Poursuivant sa tradition et son image « d’Europe humaniste », elle pourrait bien devenir le leader de l’intelligence artificielle responsable de demain. Malheureusement, avant d’espérer étendre son modèle, l’Europe devra dans un premier temps, faire ses preuves au cœur de la compétition internationale d’un point de vue technologique.

1) CB Insights report p.6
2) Intelligence artificielle : « La Chine entend s’appuyer sur cette technologie pour déchoir les Américains de leur rang à l’horizon 2019 »
3) Rapport d’information du sénat 31 janvier 2019 « Intelligence artificielle : l’urgence d’une ambition européenne
4) https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/18/5g-huawei-se-defend-d-espionnage-au-profit-de-la-chine-et-envisage-de-construire-une-usine-en-europe_6023335_3234.html
5) Ce que prévoit le plan du gouvernement pour la recherche en intelligence artificielle
6) Amazon est le premier groupe mondial en R&D




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