Pourquoi Qlik a-t-il souhaité se faire racheter ?
Qlik est une société déjà ancienne; créée en 1993 en Suède, elle a mis de nombreuses années à sortir de son marché européen, et n’a connu un véritable succès qu’une fois son siège social déplacé aux États-Unis. Depuis son introduction en Bourse, il y a six ans, la valeur de Qlik n’a pas fondamentalement évolué. Toujours cotée autour de 30$ par action, même si l’entreprise a connu des hauts et des bas, Qlik n’était pas une star du Nasdaq.
Le succès de Tableau sur le marché des outils de Business Intelligence en libre service a forcé Qlik à revoir son positionnement stratégique. Après avoir combattu les départements informatiques en proposant aux utilisateurs de les contourner, Qlik a fait le choix de s’appuyer sur eux pour favoriser le déploiement de ses logiciels dans l’entreprise et leur personnalisation. Le produit initial, QlikView, a été complété par une nouvelle offre, QlikSense, au positionnement pas toujours bien expliqué, mais qui permet de séduire à la fois l’utilisateur autonome et l’informatique départementale. Mais ces investissements coûtent cher, et malgré un chiffre d’affaires de plus de 600 millions de dollars en 2015, l’éditeur ne parvient toujours pas à équilibrer ses comptes.
C’est sans doute une des raisons qui font préférer à Qlik la discrétion d’un propriétaire investisseur unique à la pression trimestrielle d’une cotation en bourse. Qlik a besoin de continuer à investir; a besoin d’argent pour développer de nouveaux produits, et mettre en place une stratégie à long terme; ce que la bourse ne permet pas.
Du point de vue des clients, ce changement d’actionnaire est donc une bonne chose. Il pourrait permettre à Qlik de construire une offre qui dépasse les limites de son périmètre actuel de la Business Intelligence en libre-service. Donald Farmer, vice-président en charge de l’innovation et du design, que nous avons rencontré à l’occasion de la conférence utilisateurs à Orlando le mois dernier, nous avait d’ailleurs tracé quelques lignes directrices sur ce qu’il voit du futur de la BI. Vous retrouverez très prochainement cette interview dans Decideo.
Le succès de Tableau sur le marché des outils de Business Intelligence en libre service a forcé Qlik à revoir son positionnement stratégique. Après avoir combattu les départements informatiques en proposant aux utilisateurs de les contourner, Qlik a fait le choix de s’appuyer sur eux pour favoriser le déploiement de ses logiciels dans l’entreprise et leur personnalisation. Le produit initial, QlikView, a été complété par une nouvelle offre, QlikSense, au positionnement pas toujours bien expliqué, mais qui permet de séduire à la fois l’utilisateur autonome et l’informatique départementale. Mais ces investissements coûtent cher, et malgré un chiffre d’affaires de plus de 600 millions de dollars en 2015, l’éditeur ne parvient toujours pas à équilibrer ses comptes.
C’est sans doute une des raisons qui font préférer à Qlik la discrétion d’un propriétaire investisseur unique à la pression trimestrielle d’une cotation en bourse. Qlik a besoin de continuer à investir; a besoin d’argent pour développer de nouveaux produits, et mettre en place une stratégie à long terme; ce que la bourse ne permet pas.
Du point de vue des clients, ce changement d’actionnaire est donc une bonne chose. Il pourrait permettre à Qlik de construire une offre qui dépasse les limites de son périmètre actuel de la Business Intelligence en libre-service. Donald Farmer, vice-président en charge de l’innovation et du design, que nous avons rencontré à l’occasion de la conférence utilisateurs à Orlando le mois dernier, nous avait d’ailleurs tracé quelques lignes directrices sur ce qu’il voit du futur de la BI. Vous retrouverez très prochainement cette interview dans Decideo.
Pourquoi se faire racheter par un fonds d’investissement ?
Pendant plusieurs décennies, les éditeurs de logiciels se sont rachetés entre eux. Les petits innovaient, les gros les rachetaient pour tenter d’absorber une partie de leur agilité, et gagner de nouveaux clients. Ce n’est d’ailleurs pas fini; Salesforce a annoncé il y a quelques jours le rachat de DemandWare pour 2,8 milliards de dollars. Dans notre domaine de l’informatique décisionnelle, les grands mouvements ont eu lieu en 2007-2008 : Oracle avait alors racheté Hyperion, SAP mettait presque 7 milliards de dollars sur la table pour racheter Business Objects, et IBM s’emparait de Cognos. Les portefeuilles applicatifs de ces grands éditeurs (Oracle, SAP, IBM) ont essentiellement été étendus par des acquisitions externes.
Mais depuis quelques années le marché semblait faire une pause, et les grands rachats ne perturbaient plus nos étés. Phénomène nouveau : ce ne sont plus des éditeurs qui rachètent d’autres éditeurs, mais des fonds d’investissement qui alignent les milliards de dollars.
“Comme Thoma Bravo, de nombreux fonds d'investissement ont impérativement besoin d'investir les milliards de dollars qu'ils ont levés auprès d'investisseurs institutionnels. Des mégafonds comme Blackstone, KKR, Apollo ou Carlyle ont les moyens de financer l'acquisition de n'importe quel acteur BI & Analytique. En ce moment, le téléphone doit beaucoup sonner à Seattle au siège social de Tableau. Comme Qlik, Tableau fait certainement l'objet de beaucoup d'attention de la part de certains fonds”, explique Michael Albo, co-fondateur du Data Science Institute.
Les fonds d’investissement ont de l’argent, et ils doivent l’utiliser. C’est certainement une des raisons du rachat de Qlik par Thoma Bravo.
Mais il y en a peut-être une autre. Vous souvenez vous de Datastage, Ilog, Excelsius… et de bien d’autres entreprises rachetées par de grands éditeurs ? Sans doute avez-vous oublié ces noms. Et si vous regardez chez IBM, Oracle, ou SAP, ce qui reste des équipes, et de la stratégie des Cognos, Hyperion, ou Business Objects, vous risquez de ne plus trouver grand chose.
Le rachat, ou la dissolution pourrait-on dire, de Business Objects dans SAP est sans doute la plus emblématique. Les dirigeants nous répètent que le logiciel est une affaire d’hommes et de femmes; mais quand ceux-ci partent à la concurrence, tombent en dépression, ou tout simplement démissionnent, les milliards investis dans le rachat sont-ils vraiment rentabilisés. Qlik ne souhaitait sans doute pas voir ses efforts de 25 ans détruits en quelques années.
Avec les banquiers d’affaires et les fonds d’investissement, les cartes sont peut-être plus claires. Si la direction générale parvient à tenir ses objectifs, certains fonds d’investissement tels que Thoma Bravo, spécialisés dans le logiciel, peuvent se révéler un soutien efficace.
Mais il ne faut cependant pas oublier leur objectif final : revendre, et faire une plus value la plus importante possible.
Thoma Bravo peut partager avec Qlik la même vision stratégique de la BI… ou pas. Et dans ce dernier cas, les cessions, arrêts de produits, changements de direction, peuvent se faire de manière encore plus brutale. Et comme tout bon financier, Thoma Bravo a sans doute déjà pensé à sa sortie. Il peut choisir de conserver Qlik en portefeuille pendant de longues années, ou nettoyer un peu, et revendre à un acheteur qu’il a peut-être déjà même identifié. Le monde du logiciel n’est pas parfait; celui de la haute finance non plus, loin de là !
D’autant plus que le prix payé, 3 milliards de dollars, semble un peu élevé. Il représente entre 4 et 5 ans du chiffre d’affaires actuel, et l’éditeur perd encore de l’argent chaque trimestre. D’autres fonds avaient apparemment mieux négocié leur investissement; Thoma Bravo devra peut-être imposer certaines coupes budgétaires pour redresser les comptes de Qlik.
Mais depuis quelques années le marché semblait faire une pause, et les grands rachats ne perturbaient plus nos étés. Phénomène nouveau : ce ne sont plus des éditeurs qui rachètent d’autres éditeurs, mais des fonds d’investissement qui alignent les milliards de dollars.
“Comme Thoma Bravo, de nombreux fonds d'investissement ont impérativement besoin d'investir les milliards de dollars qu'ils ont levés auprès d'investisseurs institutionnels. Des mégafonds comme Blackstone, KKR, Apollo ou Carlyle ont les moyens de financer l'acquisition de n'importe quel acteur BI & Analytique. En ce moment, le téléphone doit beaucoup sonner à Seattle au siège social de Tableau. Comme Qlik, Tableau fait certainement l'objet de beaucoup d'attention de la part de certains fonds”, explique Michael Albo, co-fondateur du Data Science Institute.
Les fonds d’investissement ont de l’argent, et ils doivent l’utiliser. C’est certainement une des raisons du rachat de Qlik par Thoma Bravo.
Mais il y en a peut-être une autre. Vous souvenez vous de Datastage, Ilog, Excelsius… et de bien d’autres entreprises rachetées par de grands éditeurs ? Sans doute avez-vous oublié ces noms. Et si vous regardez chez IBM, Oracle, ou SAP, ce qui reste des équipes, et de la stratégie des Cognos, Hyperion, ou Business Objects, vous risquez de ne plus trouver grand chose.
Le rachat, ou la dissolution pourrait-on dire, de Business Objects dans SAP est sans doute la plus emblématique. Les dirigeants nous répètent que le logiciel est une affaire d’hommes et de femmes; mais quand ceux-ci partent à la concurrence, tombent en dépression, ou tout simplement démissionnent, les milliards investis dans le rachat sont-ils vraiment rentabilisés. Qlik ne souhaitait sans doute pas voir ses efforts de 25 ans détruits en quelques années.
Avec les banquiers d’affaires et les fonds d’investissement, les cartes sont peut-être plus claires. Si la direction générale parvient à tenir ses objectifs, certains fonds d’investissement tels que Thoma Bravo, spécialisés dans le logiciel, peuvent se révéler un soutien efficace.
Mais il ne faut cependant pas oublier leur objectif final : revendre, et faire une plus value la plus importante possible.
Thoma Bravo peut partager avec Qlik la même vision stratégique de la BI… ou pas. Et dans ce dernier cas, les cessions, arrêts de produits, changements de direction, peuvent se faire de manière encore plus brutale. Et comme tout bon financier, Thoma Bravo a sans doute déjà pensé à sa sortie. Il peut choisir de conserver Qlik en portefeuille pendant de longues années, ou nettoyer un peu, et revendre à un acheteur qu’il a peut-être déjà même identifié. Le monde du logiciel n’est pas parfait; celui de la haute finance non plus, loin de là !
D’autant plus que le prix payé, 3 milliards de dollars, semble un peu élevé. Il représente entre 4 et 5 ans du chiffre d’affaires actuel, et l’éditeur perd encore de l’argent chaque trimestre. D’autres fonds avaient apparemment mieux négocié leur investissement; Thoma Bravo devra peut-être imposer certaines coupes budgétaires pour redresser les comptes de Qlik.
Quel signal cette acquisition envoie-t-elle au marché ?
Pour les grands éditeurs de logiciels habitués à avaler plus petits qu’eux pour compenser leur manque d’agilité et d’innovation, cela va être un peu plus compliqué si les fonds d’investissement décident réellement d’investir dans le logiciel pour entreprises.
Mais c’est une bonne chose, car les grands éditeurs devront convaincre les plus petits que les aspects humains seront mieux gérés qu’ils ne l’ont été ces dernières années. Sans doute aussi les grands éditeurs devront-ils repenser leur stratégie de développement, moins compter sur l’innovation des plus petits et redonner de la place, et des moyens, à l’innovation interne.
Mais c’est une bonne chose, car les grands éditeurs devront convaincre les plus petits que les aspects humains seront mieux gérés qu’ils ne l’ont été ces dernières années. Sans doute aussi les grands éditeurs devront-ils repenser leur stratégie de développement, moins compter sur l’innovation des plus petits et redonner de la place, et des moyens, à l’innovation interne.
Quel avenir pour Qlik, ses produits et ses clients ?
A court terme, l’acquisition de Qlik par Thoma Bravo n’aura sans doute pas beaucoup d’impact sur les clients et les produits en cours de développement. Après avoir dépensé 3 milliards de dollars, le nouveau propriétaire s’attachera à ne pas mettre en péril son investissement, basé sur la fidélité des clients, leur satisfaction, et la signature de nouveaux contrats.
Pour la direction générale de Qlik, c’est autre chose. Rien ne garantit que Thoma Bravo conservera à leur poste les principaux dirigeants. Comme on l’a vu chez d’autres éditeurs, certains dirigeants souhaiteront peut-être partir, et d’autres seront remerciés.
TIBCO Software, qui a été racheté par Vista Equity Partners il y a dix-huit mois, a connu depuis une véritable renaissance. Et lors de sa dernière conférence aux États-Unis il y a quelques semaines, l’éditeur a dévoilé plusieurs nouveaux produits, et amélioré nettement sa visibilité sur le marché.
Les douze à vingt-quatre prochains mois nous donneront les premiers indicateurs sur l’impact de ce rachat sur Qlik. Comment la stratégie sera-t-elle révisée, comment sa mise en oeuvre sera-t-elle modifiée ?
Seth Boro, managing partner chez Thoma Bravo, explique dans le communiqué annonçant l’acquisition, avoir été convaincu par le plan de développement produit de Qlik. Thoma Bravo a déjà de l’expérience dans le domaine du logiciel. Le fonds gère un portefeuille de 16 milliards de dollars, dont Attachmate et Compuware. Mais Qlik, avec cet investissement de 3 milliards de dollars, va devenir un gros morceau de ce portefeuille. A surveiller...
Pour la direction générale de Qlik, c’est autre chose. Rien ne garantit que Thoma Bravo conservera à leur poste les principaux dirigeants. Comme on l’a vu chez d’autres éditeurs, certains dirigeants souhaiteront peut-être partir, et d’autres seront remerciés.
TIBCO Software, qui a été racheté par Vista Equity Partners il y a dix-huit mois, a connu depuis une véritable renaissance. Et lors de sa dernière conférence aux États-Unis il y a quelques semaines, l’éditeur a dévoilé plusieurs nouveaux produits, et amélioré nettement sa visibilité sur le marché.
Les douze à vingt-quatre prochains mois nous donneront les premiers indicateurs sur l’impact de ce rachat sur Qlik. Comment la stratégie sera-t-elle révisée, comment sa mise en oeuvre sera-t-elle modifiée ?
Seth Boro, managing partner chez Thoma Bravo, explique dans le communiqué annonçant l’acquisition, avoir été convaincu par le plan de développement produit de Qlik. Thoma Bravo a déjà de l’expérience dans le domaine du logiciel. Le fonds gère un portefeuille de 16 milliards de dollars, dont Attachmate et Compuware. Mais Qlik, avec cet investissement de 3 milliards de dollars, va devenir un gros morceau de ce portefeuille. A surveiller...
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