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Big Data : à propos des études bidon qui rapportent gros notamment en pharmacie


Rédigé par le 9 Novembre 2020

Dans les entreprises, des études quantitatives ou qualitatives sont réalisées pour éclairer les dirigeants, pour fonder les décisions sur des faits observés et des théories vérifiées, pour éviter les spéculations ou les croyances invérifiables. La maîtrise des études est donc un enjeu stratégique et les différentes parties prenantes sont tentées de faire chacune les leurs pour orienter les décisions, ce qui aboutit à une multiplication d’études qui se recoupent, mais aboutissent rarement à des réponses partagées.



Big Data : à propos des études bidon qui rapportent gros notamment en pharmacie
Durant mon activité de consultant j’ai pu rapidement constater ce phénomène d’accumulation d’études, à tel point qu’au début de chaque mission je me fixais toujours, comme premier l’objectif, d’identifier toutes les études déjà réalisées concernant le domaine que j’avais à travailler. La compilation des études antérieures est toujours un exercice très profitable, mais il convient de faire attention à ne pas se faire enfermer dans leurs visions, car beaucoup sont souvent très instrumentalisées.

Ce phénomène touche toutes les fonctions de l’entreprise, mais le sujet est généralement tabou. Cependant, il y a quelques années à l’occasion d’une session du SEMO (Salon des prestataires des études et de l’analyse marketing), une conférence avait été consacrée à ce sujet et avait proposé une typologie des études instrumentalisées, dont les noms parlent d’eux-mêmes, par exemple : études-faire valoir, études blanchissantes, études-béquilles, études-alibi, études-agit-prop … études-pavé de chiffres … études-destination tiroirs … Attention, ces études ne sont jamais sans effet, même la destination tiroirs, car si beaucoup vous noient plus ou moins volontairement dans des détails illisibles, elles mettent généralement en exergue des arguments de synthèse, pas toujours tirés de leur contenu, qui sont utilisés par leur promoteur pour atteindre leur but.

La manipulation des études est fréquente, elle se pratique dans tous les domaines et notamment dans la recherche. Tous les chercheurs, les étudiants, ne mènent pas que des recherches éthiques, ne font pas toujours preuve d’honnêteté et de véracité. Les mystifications actives ou passives sont nombreuses. Les chercheurs sont plus susceptibles de se livrer intentionnellement à des actes malhonnêtes suivant les enjeux bénéfiques pour eux-mêmes, pour leur laboratoire … s’ils considèrent que les chances de détection des manipulations sont faibles, si leur engagement éthique n'est pas ferme ou est compromis.

Les trois grandes manipulations sont : la fabrication, la falsification et le plagiat. La fabrication se présente généralement sous la forme de « données de laboratoire » qui sont simplement inventées. La falsification peut prendre plusieurs formes, les données réelles peuvent être « lissées » ou « arrangées » pour se rapprocher plus étroitement du résultat souhaité ou attendu.

Pour être complet, indépendamment des manipulations, il y a aussi l’incompétence qui apporte son lot d’études douteuses. L'incompétence peut entraîner une conception inappropriée, des procédures d'échantillonnage médiocres ou biaisées, des tests statistiques mal utilisés ou mal appliqués, une tenue de registres inadéquate et tout simplement une négligence. Même s'il n'y a aucune intention de tromper, des informations inexactes peuvent également endommager gravement les résultats.

Dans certaines industries, les enjeux financiers peuvent être colossaux, c’est par exemple le cas dans l’industrie pharmaceutique. Nous le voyons bien, en ce moment avec la pandémie du covid-19, les montants astronomiques en dizaine, centaines de millions, qui sont investis dans la recherche et dans les stocks de certains médicaments qui n’ont pourtant pas forcément fait réellement leur preuve, mais qui ont des études favorables, et peut-être les bons réseaux d’experts, de lobbyistes. C’est d’ailleurs dans cette industrie que les scandales d’études trafiquées ont été les plus médiatisés. Personne ne sait avec certitude si le nombre d’études trafiquées est plus élevé en sciences biomédicales qu'en sciences sociales et comportementales, ou s'il est simplement plus facile de détecter la fraude en biomédecine.

Conscient de cette situation, la recherche médicale a inventé les tests en double aveugle, où ni les médecins ni les patients ne savent qui prend quoi en matière de traitement. Mais si la protection contre les manipulations ou les biais cognitifs est ainsi largement améliorée, elle ne peut jamais être totale, et d’un point de vue éthique cette pratique est douteuse dans les cas où l'on administre un placébo à un malade qui ainsi ne bénéficie pas des meilleures possibilités de soin. D’autre part, il faut compter aussi sur le biais placébo, des changements dans la maladie du patient attribuable au traitement imaginaire constitué par la prise d’un placébo. Les chercheurs pensent que les placébos agissent en réduisant la tension, la détresse, en créant de puissantes prophéties autoréalisatrices. Les individus pensent et se comportent comme si le médicament, en fait un placébo, était efficace.

Pour aller plus loin vous pouvez utilement consulter mon article intitulé : Big data, statistiques et infographie : les chiffres disent-ils toujours la vérité ?




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