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Faut-il autoriser le mariage du cloud et de la Business Intelligence ? (Première partie)


Rédigé par Jean-Michel FRANCO, Business & Decision le 1 Février 2013

D’après le Gartner ou Forrester, le pourcentage d’applications BI déployées sur le Cloud est inférieur à 3%. Pourquoi cette désaffectation et est-elle durable ?
En 2006, Business Objects, à l’époque éditeur indépendant et leader du marché de la BI, annonçait à grand bruit CristalReports.com, la version « on demand » - puisqu’on ne parlait pas encore de cloud à l’époque - de son environnement de reporting. Quelques semaines plus tard, Cognos, numéro deux du marché et lui aussi encore indépendant à l’époque, réagissait avec l’acquisition de Celequest.



Jean-Michel FRANCO, Innovation and Business Solutions Director Business & Decision
Jean-Michel FRANCO, Innovation and Business Solutions Director Business & Decision
C’était il y a sept ans. Le marché de la BI dans le cloud semblait à l’aube d’un avenir radieux, d’autant que, cette fois ci, les grands leaders du marché avaient anticipé son avènement. Mais il n’a pas eu lieu. Pourtant, dans l’intervalle, le cloud a embrasé certains segments du marché des applications d’entreprise, comme le CRM pour qui le mode SaaS représente aujourd’hui 36% des déploiements (d’après le Gartner) et est considéré par 70% des entreprises (d’après Forrester) ; ou encore les Ressources Humaines, où SAP et Oracle ont à eux deux investi près de 6 milliards pour s’approprier la déjà large base de clients des étoiles montantes Success Factors et Taleo, mais aussi pour tenter de protéger leur base installée de l’ascension fulgurante de Workday.

Pourquoi la Business Intelligence est-elle restée étanche à ce raz de marée ? Est-ce une affaire de temps ? On peut le penser légitimement au vu d’avancées récentes, tant du côté de l’offre que de la demande.

Le marché semble s’ouvrir en particulier à trois sous-segments de la BI, par ordre de maturité : les applications de gestion de la performance, sujet d’intérêt de la suite de cette première partie ; les applications BI départementales qui feront l’objet d’un second article ; et, enfin, même si ce segment est le moins mature des trois, le décisionnel d’entreprise et le Big Data, qui feront l’objet d’une troisième publication.

La gestion de la performance : enfin l’ère du renouveau pour le parent pauvre de la BI ?

Dans beaucoup d’entreprises, la gestion de la performance (ou EPM pour Enterprise Performance Management) est une discipline en tant que telle, distincte de la Business Intelligence. Dans ce contexte, elle est en général mise en œuvre par le département contrôle de gestion, afin de couvrir certains de ses processus clés, comme l’élaboration budgétaire, le « fast close », la consolidation statutaire ou encore l’analyse des coûts et de la profitabilité.

Mais l’EPM, ne s’applique pas qu’à la finance. Elle met en œuvre des bonnes pratiques en matière de prévisions, de simulation, de planification, d’analyse, ou encore de reporting réglementaire et de management. Il est devenu souhaitable de décliner ces pratiques dans toutes les activités de l’entreprise : la direction commerciale a besoin de planifier ses ventes, de définir ses territoires commerciaux de les affecter le plus équitablement possible et de mesurer l’atteinte des objectifs de chacun de ses commerciaux ; le marketing a besoin de planifier ses campagnes et de s’assurer de leur retour sur investissements ; la direction des ressources humaines a besoin de planifier ses dépenses salariales, de définir un cadre partagé par le plus grand nombre pour la mesure de la performance. Mais hélas, c’est souvent avec des processus peu formalisés et avec Excel que ces activités pourtant de plus en plus chronophages sont réalisées.

Plusieurs caractéristiques indiquent que le cloud est un modèle adapté pour la mise en œuvre d’applications de gestion de la performance. Premièrement, le marché actuel de l’EPM est concentré autour de trois leaders qui rassemblent près de 70 % des parts de marché sur la base de solutions éprouvées. Face à ce marché devenu trop peu concurrentiel, il y des places à prendre pour des jeunes pousses innovantes. Celles-ci choisissent naturellement le modèle Software as a Service (SaaS) pour se lancer sur le marché. Ensuite, les applications EPM sont centrées sur la notion de processus, et sont de fait plus proches de solutions progicielles que de plateformes de développement. De surcroît, elles sont plus souvent choisies par les directions fonctionnelles que par les directions informatiques. Autant de zones de confort pour les solutions en mode SaaS. Enfin, l’EPM est une application relativement isolée du reste du système d’information. Les échanges de données avec celui-ci sont certes nécessaires, mais les données considérées sont relativement peu volumineuses et nécessitent rarement d’être échangées en temps réel. Voilà donc une limitation du cloud qui n’a pas lieu d’être dans ce contexte.

Ce contexte favorable explique l’émergence de nombreuses solutions SaaS pour l’EPM. Certains, tels qu’Anaplan, Adaptive Planning, Host Analytics, ou Tidemark proposent une plateforme générique déclinable à toutes les activités de l’entreprise. Avec la récente annonce d’EPM on demand, SAP s’engage lui aussi dans cette direction.
D’autres, comme Calidus pour les ventes, visent plus particulièrement une activité. Cette classe d’acteurs très spécialisés est actuellement dans la ligne de mire des « méga-fournisseurs », comme l’ont montré les acquisitions d’acteurs ayant tout particulièrement développé l’aspect gestion de la performance dans leurs offres : de Success Factors par SAP et de Taleo par Oracle dans les Ressources Humaines, d’Ariba par SAP pour le Spend Performance Management (les achats), d’Eloqua par Oracle pour le Revenue Performance Management (le marketing), et enfin, de Varicent par IBM pour le Sales Performance Management (les ventes et la gestion des rémunération variables).

Pour ce segment de solutions, le principal inconvénient du mode SaaS est d’accentuer la ligne de démarcation entre la gestion de la performance et la Business Intelligence. Dans le cas des applications spécialisées, cela renforce de surcroît la constitution de silos par activité. Précisons à ce titre que les offres citées dans ce cas dépassent le simple cadre de la gestion de la performance : elles sont souvent choisies pour un périmètre plus large, couvrant à la fois l’exécution des processus, leur planification et leur optimisation.

La sécurité est également un frein fréquemment évoqué. Mais, la plupart des offres citées, dont certaines sont d’ores et déjà très matures, proposent des infrastructures solides sur ce sujet. De plus, le thème de la gestion de la performance n’apparait pas plus sensible que celui de la relation client ou de la gestion des ressources humaines, où l’adoption du cloud est désormais largement entrée dans les mœurs.




Commentaires

1.Posté par Dominique Gire le 01/02/2013 15:46
Intéressant cet article mais si on regarde uniquement les mega vendor (SAP, IBM...), on comprend que cela ne décolle pas : la Business Intelligence, contrairement au CRM ou à d'autres applications, est par définition spécifique aux métiers des clients qui l'utilisent. Quand on fait appel à SAP par exemple, psychologiquement on sait déjà que ça va prendre longtemps, que ça va coûter cher et que ça sera par définition très peu flexible. On comprend également que la sécurité soit un problème vu que les clouds proposés par la majorité des acteurs sont publics, donc pas en France et avec des opérateurs qui sont eux aussi délocalisés.

Depuis sa création, Novulys a réussi à répondre au double enjeu de la rapidité de mise en oeuvre et de la sécurité en spécialisant les offres décisionnelles sur un secteur d'activité (ex: Mutuelles) et en proposant un cloud privé et un service Made in France. Cela nous a permis aujourd'hui de passer la barrière psychologique d'adoption du cloud pour la BI auprès de nos clients.

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